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art d'écrire

Qu'est-ce que la littérature si ce n'est l'expression d'un sentiment de proximité inaccessible et inexistant dans la réalité ?

Auteur: Knausgaard Karl Ove

Info:

[ définition ] [ télépathique ] [ anthropique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

écriture

C'est cette décomposition en soi qu'on appelle "écrire". Dans l'acte d'écrire, il y a plus destruction que de création.

Auteur: Knausgaard Karl Ove

Info: La mort d'un père

[ dégradation ]

 

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écriture

C'est une chose d'être banal, stupide et idiot à l'intérieur. C'en est une autre de le mettre par écrit.

Auteur: Knausgaard Karl Ove

Info:

[ difficile ] [ introspection ]

 

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ouverture

Or la littérature a toujours eu un lien de parenté avec l’utopie, donc si l’utopie n’a plus de sens, la littérature n’en a plus non plus

Auteur: Knausgaard Karl Ove

Info: La mort d'un père

[ création ]

 

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limitation

Et c'est déjà comprendre beaucoup que de savoir notre compréhension du monde circonscrite de reconnaître qu'au-delà de nos limites tout ce qui nous échappe non seulement existe mais est plus vaste encore que ce que nous saisissons.

Auteur: Knausgaard Karl Ove

Info: La mort d'un père

[ conscience ] [ humilité ]

 

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isolement

J'ai toujours eu un grand besoin de solitude. J'ai besoin de grandes plages de solitude et quand je ne l'ai pas, ce qui a été le cas ces cinq dernières années, ma frustration peut parfois devenir presque panique, ou agressive.

Auteur: Knausgaard Karl Ove

Info: Mon combat : Livre 1

[ refuge nécessaire ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

ressentir

La littérature n’est pas seulement des mots, c’est aussi ce que les mots évoquent chez le lecteur. C’est ce dépassement-là qui justifie la littérature et non les dépassements de formes comme beaucoup le croient (...) C’était pour la même raison que les peintures, et en partie aussi les photographies, avaient autant d’importance pour moi. Il n’y avait pas de mots en elles, pas d’idées, et c’était l’expérience que j’en faisais en les regardant qui les rendait remarquables, même sans idées.

Auteur: Knausgaard Karl Ove

Info: Un homme amoureux

[ éprouver ] [ beaux-arts ] [ indicible ] [ résonance ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

germinal

L'hiver, nous marchions dans le noir, loin de tout éclairage, la lumière la plus proche apparaissant parfois comme un trait pâle à l'horizon et, pour peu que le ciel soit dégagé à ce moment-là, j'avais l'impression de me trouver quelque part dans l'univers, parmi les étoiles et les planètes, tandis qu'à la belle saison la lumière semblait rehausser le monde autour de nous : les champs, les arbres, la terre et l'herbe, plus drue et plus grasse à mesure que nous approchions de la Saint-Jean.

En cette saison, l'ensemble était encore ténu, le paysage n'avais pas cette opulence que lui apportait l'été, le vert des arbres commençait tout juste à poindre, car le mois d'avril, c'est cela : des bourgeons, des germes, l'incertitude, l'hésitation. Avril se trouve entre le grand sommeil et le grand bon. Avril, c'est l'envie de passer à autre chose, sans que l'on parvienne à définir ce qu'est cette autre chose.

Auteur: Knausgaard Karl Ove

Info: Au printemps

[ mois ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

nuit polaire

Les jours raccourcissaient et ils raccourcissaient vite, on aurait dit qu’ils se précipitaient vers la nuit. La première neige, tombée dès la mi-octobre, fondit au bout de quelques jours mais quand elle revint début novembre, ce fut sérieux, elle s’abattit pendant des jours et des jours et tout fut bientôt enveloppé d’épais coussins blancs, sauf la mer qui, avec sa sombre surface pure et ses immenses fonds, reposait là tout près comme étrangère et menaçante, comme un meurtrier logeant chez le voisin, se disait-on, dont le couteau luisait immobile sur la table de la cuisine.

La neige et la nuit métamorphosèrent le village au point de le rendre méconnaissable. À mon arrivée, le ciel était haut et lumineux, la mer immense et le paysage ouvert, de sorte que le village avec ses maisons réparties aléatoirement semblait incapable de se tenir, tout juste apte à exister en tant que tel. On avait l’impression que rien ne s’arrêtait là. Puis arrivèrent la neige et la nuit. Le ciel s’affaissa, formant un couvercle juste au-dessus des toits. La mer disparut, sa noirceur se fondit dans celle du ciel et l’horizon devint invisible. Même les montagnes disparurent, et avec elles le sentiment de se trouver au cœur d’un paysage ouvert. Il ne restait plus que les maisons, éclairées vingt-quatre heures sur vingt-quatre, toujours ceinturées d’obscurité, et ces maisons et ces lumières devinrent le point de mire, ce autour de quoi tout gravitait.

Auteur: Knausgaard Karl Ove

Info: Aux confins du monde

[ crépuscule ] [ couchant ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

art pictural

En Norvège, c’est le peintre Munch qui marque la rupture, c’est dans ses œuvres que pour la première fois les êtres humains prirent toute la place. Alors que jusqu’au siècle des Lumières, on subordonnait l’homme au divin, qu’à la période romantique on le subordonnait au paysage dans lequel il était représenté — les montagnes y sont imposantes et tumultueuses, la mer y est imposante et tumultueuse et même les arbres et les forêts y sont imposants et tumultueux, mais tous les hommes sans exception y sont petits —, chez Munch c’est le contraire. C’est comme si l’humain engloutissait tout en lui, faisait sien absolument tout. Les montagnes, la mer, les arbres et les forêts, tout y est teinté d’humain, non pas des actes et de la vie extérieure des êtres humains mais de leurs émotions et de leur vie intérieure. À partir du moment où les hommes avaient pris le dessus, aucune marche arrière n’était plus possible, de même qu’il n’y eut plus de marche arrière possible pour le christianisme après qu’il se fut propagé comme un incendie de forêt dans toute l’Europe aux premiers siècles de notre ère. Munch, lui, donne forme aux émotions des êtres qu’il peint, il donne forme à leur vie intérieure et bouleverse le monde. Une fois cette porte-là ouverte, la représentation du monde extérieur fut abandonnée : chez les peintres après Munch, ce sont les couleurs elles-mêmes et les formes elles-mêmes qui sont porteuses d’émotions, pas ce qu’elles représentent.


Auteur: Knausgaard Karl Ove

Info: La mort d'un père

[ expressionniste ]

 

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Ajouté à la BD par miguel