mode
Vous savez, j’ai un ami à Paris qui pense que d’autres ouvrages de Duras, en particulier Un barrage sur le Pacifique, étaient de meilleurs livres que L’Amant, et il dit pour plaisanter que si ce livre-ci a eu autant de succès, c’est parce qu’il était composé en gros caractères et qu’il n’était pas trop épais. Comme les gens ont peu de temps pour la lecture maintenant, cela explique, d’après lui, le succès de L’Amant. En fait, à un moment, sans qu’on sache trop bien pourquoi, tout le monde s’est mis à parler de ce livre ; ça a été une sorte de snobisme : il fallait absolument l’avoir lu
Auteur:
Bacon Francis II
Info:
entretiens, p 101-2
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consommation
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paresse
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créativité
Je préfère toujours que mes toiles soient dans un cadre et sous verre. C’est une idée d’aujourd’hui qui veut qu’on n’encadre plus les tableaux, mais j’ai l’impression que par rapport à ce que c’est que la peinture, c’est une idée fausse. Le cadre, c’est quelque chose d’artificiel, et il est là précisément pour renforcer l’aspect artificiel de la peinture. Plus l’artifice des tableaux qu’on réalise est apparent, mieux cela vaut, et même, plus la toile a des chances de marcher, de montrer quelque chose. Cela peut paraître paradoxal, mais c’est une évidence en art : on atteint son but par l’emploi du maximum d’artifice, et l’on parvient d’autant plus à faire quelque chose d’authentique que l’artificiel est patent. Prenez par exemple les poètes grecs ou classiques, leur langue était très artificielle, très construite. Tous, ils travaillaient à l’intérieur d’un cadre très contraignant, cela représentait une soumission considérable, et c’est pourtant ainsi qu’ils ont donné leurs plus grands chefs-d’œuvre, ceux qui nous donnent à nous lecteurs cette impression de liberté et de création maximales
Auteur:
Bacon Francis II
Info:
Entretiens, p 140-1
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dépassement
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sujétion
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oulipo
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fond-forme
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