Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info
Rechercher par n'importe quelle lettre



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits... Recherche mots ou phrases tous azimuts... Outil de précision sémantique et de réflexion communautaire... Voir aussi la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats ... Lire la suite >>
Résultat(s): 71
Temps de recherche: 0.0421s

famille

Être deux c’est plus mal ou c’est mieux.

Être trois : un danger.

Mais l’horrible est dans l’interversion de ces trois.

J’ouvre la porte de la maison : ils sont là. Et chacun me fait le même sourire. Je les connais. Chacun a son particulier glissement, son même sourire à l’extrême pointe de quelque chose, et très fin. Mais enfin, ils sont l’atmosphère des trois, et capables d’ailleurs d’être autres, avec les mêmes intentions. Ils sourient à trois. Ils ne sont plus A ou T. Ils ont perdu de leurs membres. Ils pitent à la même table, ils sortent du même repas.

Auteur: Artaud Antonin

Info: Le Pèse-Nerfs

[ triade diabolique ] [ hypocrisie ] [ difformité ] [ horreur ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

art pictural

Il n’y a pas dans la dernière exposition Van Gogh, au palais de l’Orangerie, toutes les très grandes toiles du malheureux peintre. Mais il y a parmi celles qui sont là, assez de défilés giratoires constellés de touffes de plantes de carmin, de chemins creux surmontés d’un if, de soleils violacés tournant sur des meules de blé d’or pur, de Père tranquille et de portraits de Van Gogh par Van Gogh, pour rappeler de quelle sordide simplicité d’objets, de personnes, de matériaux, d’éléments, Van Gogh a tiré ces espèces de chants d’orgue, ces feux d’artifice, ces épiphanies atmosphériques, ce "Grand Œuvre" enfin d’une sempiternelle et intempestive transmutation.

Auteur: Artaud Antonin

Info: Van Gogh, le suicidé de la société

[ re-création ] [ conversion ] [ éloge ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

création

Van Gogh était une de ces natures d’une lucidité supérieure qui leur permet, en toutes circonstances, de voir plus loin que le réel immédiat et apparent des faits.
Je veux dire de la conscience que la conscience a pour habitude d’en garder.
Au fond de ses yeux comme épilés de boucher, Van Gogh se livrait sans désemparer à l’une de ces opérations d’alchimie sombre qui ont pris la nature pour objet et le corps humain pour marmite ou creuset.
Et je sais que le docteur Gachet trouvait toujours que ça le fatiguait.
Ce qui n’était pas chez lui l’effet d’un souci médical simple,
mais l’aveu d’une jalousie aussi consciente qu’inavouée.

Auteur: Artaud Antonin

Info: Van Gogh, le suicidé de la société

[ transmutation ] [ sublimation ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

expérience absolue

Mes rêves sont avant tout une liqueur, une sorte d'eau de nausée où je plonge et qui roule de sanglants micas. Ni dans la vie de mes rêves, ni dans la vie de ma vie je n'atteins à la hauteur de certaines images, je ne m'installe dans ma continuité. Tous mes rêves sont sans issue, sans château-fort, sans plan de ville. Un vrai remugle de membres coupés.



Je suis, d'ailleurs, trop renseigné sur ma pensée pour que rien de ce qui s'y passe m'intéresse : je ne demande qu'une chose, c'est qu'on m'enferme définitivement dans ma pensée.



Et quant à l'apparence physique de mes rêves, je vous l'ai dit: une liqueur.

Auteur: Artaud Antonin

Info: "Textes surréalistes" . Œuvres complètes, Paris : Gallimard, 1972, p. 327.

[ retranchement ] [ fascination ] [ songes ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

folie ordinaire

Pourquoi l'homme se bat-il au dehors ?
Parce qu'au dedans son anatomie
lui fait la guerre
et que voilà des siècles que la question n'a plus été posée aux hommes
de savoir pourquoi
au milieu de la peste, de la famine, de la guerre, de la syphilis, de l'épilepsie, du marché noir, de l'électro-choc et de l'insulinothérapie
l'homme, dis-je, n'a cessé de déraisonner

parce que les vrais malades mentaux ne sont pas dans les asiles mais au dehors parmi nous

principalement
M. Charlemagne
M. Napoléon
M. Charles Quint
etc.

Quant aux vivants
ce n'est pas moi
mais l'histoire qui prochainement
les nommera

n'est-ce pas M. Mussolini
(et vous êtes mort)
n'est-ce pas M. Churchill
que vous êtes toujours vivant
n'est-ce pas M. Dalaï-Lama
mais où êtes-vous présentement

Auteur: Artaud Antonin

Info: Textes du retour à Paris, 1946

[ pulsion de mort ] [ psychose collective ] [ accusation ] [ personnages historiques ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

langage

Tout ce qu'on écrit, c'est du n'importe quoi. Les gens qui essaient de se libérer de ce qui est vague pour dire exactement ce qui se passe dans leur esprit produisent de la merde. Tout le cénacle littéraire surtout, surtout aujourd'hui. Tous ceux qui ont des repères dans leur esprit, je veux dire dans une certaine partie de leur tête, dans des lieux bien définis dans leur crâne, tous ceux qui sont maîtres de la langue, pour qui les mots ont un sens, tous ceux pour qui l'âme a des hauteurs et des courants... les esprits de l'époque, qui ont nommé ces courants de pensée - je pense à leurs tâches spécifiques, et à ces craquements mécaniques que leurs esprits produisent à chaque rafale de vent - ne sont que mesquines ordures.

Auteur: Artaud Antonin

Info:

[ dénigrement ] [ colère ]

 

Commentaires: 0

drogues

Nous sommes nés pourris dans le corps et dans l’âme, nous sommes congénitalement inadaptés ; supprimez l’opium, vous ne supprimerez pas le besoin du crime, les cancers du corps et de l’âme, la propension au désespoir, le crétinisme né, la vérole héréditaire, la friabilité des instincts. Vous n’empêcherez pas qu’il y ait des âmes destinées au poison quel qu’il soit, poison de la morphine, poison de la lecture, poison de l’isolement, poison de l’onanisme, poison de coïts répétés, poison de la faiblesse enracinée de l’âme, poison de l’alcool, poison du tabac, poison de l’anti-sociabilité. Il y a des âmes incurables et perdues pour le reste de la société. Supprimez-leur un moyen de folie, elles en inventeront dix mille autres. Elles créeront des moyens plus subtils, plus furieux, des moyens absolument désespérés de l’humanité.

Auteur: Artaud Antonin

Info: La liquidation de l'opium, In La Révolution Surréaliste. Ier janvier 1925

[ addictions ] [ inéluctables ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

introspection

Je me souviens depuis l'âge de huit ans, et même avant, m'être toujours demandé qui j'étais, ce que j'étais et pourquoi vivre, je me souviens à l'âge de six ans... m'être demandé à l'heure du goûter... ce que c'était, que d'être et vivre, ce que c'était que de se voir respirer et avoir voulu me respirer afin d'éprouver le fait de vivre et de voir s'il me convenait et en quoi il me convenait.
Je me demandais pourquoi j'étais là ce que c'était que d'être là. - et en quoi la question se pose et pourquoi poser la question, oui, pourquoi se poser la question d'être, ou de n'être pas lorsque l'on vit et qu'on est là... en quoi peut consister ce moi qui se sent ce qu'on appelle être, être un être parce que j'ai un corps?

Auteur: Artaud Antonin

Info:

[ question ] [ moi ] [ vie ] [ enfance ]

 

Commentaires: 0

auto-évaluation

"Moi, Antonin Artaud, je suis mon fils, mon père, ma mère et moi", je suis, et nul autre que moi ne peut pour moi s'imaginer, s'identifier, se définir, "se répondre à soi", je suis, et je le sais, seul responsable absolu de moi-même, et cette responsabilité, ce que je sais aussi, c'est que je suis par ailleurs celui pour qui elle est l'impossible absolu, ce qu'aussi je sais en effet, c'est qu'il y a en moi "un effondrement central de l'âme", il y a en moi "une maladie qui touche à l'essence de l'être et à ses possibilités centrales d'expression, et qui s'applique à toute une vie", il y a en moi "un quelque chose qui détruit ma pensée, un quelque chose qui ne m'empêche pas d'être ce que je pourrais être, mais qui me laisse, si je puis dire, en suspens", il y a ce qui fait qu'en vérité "je suis au-dessous de moi-même, je le sais".

Auteur: Artaud Antonin

Info: 4 mars 1948

[ autocritique ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

anti-psy

En face de la lucidité de Van Gogh, qui travaille, la psychiatrie n’est plus qu’un réduit de gorilles eux-mêmes obsédés et persécutés et qui n’ont, pour pallier les plus épouvantables états de l’angoisse et de la suffocation humaines, qu’une ridicule terminologie, digne produit de leurs cerveaux tarés.
Pas un psychiatre, en effet, qui ne soit un érotomane notoire. Et je ne crois pas que la règle de l’érotomanie invétérée des psychiatres puisse souffrir aucune exception. J’en connais un qui se rebella, il y a quelques années, à l’idée de me voir ainsi accuser en bloc tout le groupe de hautes crapules et de faiseurs patentés auquel il appartient. Moi, monsieur Artaud, me dit-il, je ne suis pas un érotomane, et je vous défie bien de me montrer un seul des éléments sur lesquels vous vous basez pour porter votre accusation.
Je n’ai qu’à vous montrer vous-même, docteur L., comme élément, vous en portez sur votre gueule le stigmate, bougre d’ignoble saligaud.
C’est la binette de qui introduit sa proie sexuelle sous la langue et la retourne ensuite en amande, pour faire digue d’une certaine façon.
Cela s’appelle faire son beurre et trier son propre persil.
Si dans le coït vous n’avez pas obtenu de glousser de la glotte d’une certaine façon que vous connaissez, et de gargouiller en même temps du pharynx, de l’oesophage, de l’urètre et de l’anus, vous ne pouvez pas vous déclarer satisfait.

(Lacan, chef de clinique à Sainte-Anne en 1939, avait fait une expertise extrêmement sévère d'Antonin Artaud écrivant, "il est définitivement fixé et perdu pour la littérature". De plus, des années plus tard, après la guerre, Lacan se disait satisfait d'avoir détourné ses élèves d'Antonin Artaud.
Il semble avéré que cette partie du texte fasse rapport à cette expertise)

Auteur: Artaud Antonin

Info: Van Gogh, le suicidé de la société 1947, introduction

[ transfert meurtrier ] [ vacherie ] [ insulte ]

 
Commentaires: 1
Ajouté à la BD par miguel