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philosophie de la renaissance

Giordano Bruno est né quatre ans après la mort de Camillo, en 1548. Il est entré dans l’ordre dominicain en 1563. Il a reçu la formation dominicaine au couvent de Naples et cette formation devait comprendre une grande attention portée à l’art dominicain de la mémoire […]. […]

Quand Bruno s’échappa de son couvent de Naples pour commencer sa vie d’errances à travers la France, l’Angleterre et l’Allemagne, il possédait une ressource précieuse. Un ancien religieux prêt à communiquer la mémoire artificielle des frères devait susciter de l’intérêt, surtout s’il possédait le secret de l’art sous sa forme Renaissance ou occulte. Le premier livre sur la mémoire publié par Bruno, le De umbris idearum (1582), fut dédié au roi de France Henri III ; ses premiers mots promettent la révélation d’un secret hermétique. Ce livre prend la suite du Théâtre de Camillo et Bruno est un nouvel Italien qui apporte un "secret" de mémoire à un nouveau roi de France. […]

Quand Bruno passa en Angleterre, il avait complètement mis au point sa technique qui lui permettait de faire passer son message religieux d’inspiration hermétique dans le cadre de l’art de la mémoire ; c’était le sens du livre sur la mémoire qu’il publia en Angleterre. Il continua selon cette méthode en Allemagne et le dernier livre qu’il publia à Francfort en 1591, juste avant son retour en Italie, porte sur la mémoire magique. […]

Finalement, quand Mocenigo invita Bruno à Venise – invitation qui fut l’occasion de son retour en Italie et qui le conduisit à l’emprisonnement et à la mort sur le bûcher – la raison qu’il donna, pour l’inviter, était qu’il désirait apprendre l’art de la mémoire. […]

C’est Mocegino qui dénonça Bruno à l’Inquisition vénitienne, sans doute après avoir appris tous les "secrets" de son art de la mémoire.

Auteur: Yates Frances Amelia

Info: L'art de la mémoire, de l’anglais par Daniel Arasse, éditions Gallimard, 2022, pages 282 à 284

[ biographie ]

 

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occultisme

Robert Fludd est un des philosophes hermétiques les plus connus et ses ouvrages, nombreux, obscurs, illustrés, pour beaucoup, de magnifiques gravures hiéroglyphiques, ont fortement retenu l’attention ces dernières années. Fludd appartenait en plein à la tradition hermético-cabalistique de la Renaissance, sous la forme qu’elle avait prise dans la lignée de Ficin et de Pic de la Mirandole. Il était imprégné du Corpus hermeticum – qu’il lisait dans la tradition de Ficin – et de l’Asclepius et l’on exagère à peine quand on dit que, presque à chaque page de ses ouvrages, on trouve des citations tirées des œuvres d’ "Hermès Trismégiste". C’était aussi un cabaliste, qui se rattachait à Pic de la Mirandole et à Reuchlin […].

Mais Fludd vivait à une époque où la Renaissance, et son mode de pensée hermétique et magique étaient attaqués par la nouvelle génération des philosophes au XVIIe siècle. L’autorité des Hermetica fut affaiblie quand Isaac Casaubon, en 1614, les data et démontra qu’ils avaient été écrits après la venue du Christ. Fludd ignora totalement cette datation et il continua à considérer les Hermetica comme les écrits effectifs du plus ancien des sages égyptiens. La passion qu’il mit à défendre ses croyances et son point de vue l’engagea dans un conflit ouvert avec les chefs de file de la nouvelle époque. On connaît les controverses qu’il mena contre Mersenne et Kepler et, dans ces controverses, il apparaît sous les traits d’un tenant de la Rose-Croix.

[…] Il [Fludd] arrive très tard dans la Renaissance, à un moment où les philosophies de la Renaissance sont sur le point de céder la place aux mouvements montants du XVIIe siècle, et il élève ce qui est sans doute le dernier grand monument de la mémoire de la Renaissance. Et, à la manière du premier grand monument de cette mémoire, le système de Fludd utilise un théâtre pour en tirer sa forme architecturale.

Auteur: Yates Frances Amelia

Info: L'art de la mémoire, de l’anglais par Daniel Arasse, éditions Gallimard, 2022, pages 446-447

[ résumé de l'œuvre ] [ contexte ] [ historique ] [ influences ]

 

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philosophie antique

Avec leur acuité d’esprit proverbiale, les grands scolastiques Albert le Grand et saint Thomas d’Aquin ont senti que le Philosophe [Aristote] fait référence, dans son De memoria et reminiscentia, à un art de la mémoire identique à celui que Tullius enseigne dans sa Rhetorica seconda (l’Ad Herennium). L’œuvre d’Aristote devint donc pour eux une sorte de traité sur la mémoire, qu’il fallait rapprocher des règles de Tullius et qui fournissait les justifications philosophiques et psychologiques de ces règles.

La théorie d’Aristote sur la mémoire et sur le souvenir est fondée sur la théorie de la connaissance exposée dans le De anima. Les perceptions données par les cinq sens sont, d’abord, traitées ou travaillées par la faculté de l’imagination, et ce sont les images ainsi formées qui deviennent le matériau de la faculté intellectuelle. L’imagination est l’intermédiaire entre la perception et la pensée. Ainsi, alors que toute connaissance dérive, en dernière analyse, d’impressions sensorielles, ce n'est pas sur cette matière brute que la pensée travaille, mais seulement une fois que ces impressions ont été traitées, ou absorbées, par la faculté imaginative. […]

Pour la scolastique, et pour la tradition sur la mémoire qui en est dérivée, la théorie mnémonique et la théorie aristotélicienne de la connaissance se rejoignaient par l’importance qu’elles donnaient toutes deux à l’imagination. […]

Le De memoria et reminiscentia est un appendice du De anima et il commence par une citation de cet ouvrage : "Comme il a été dit auparavant dans mon traité De anima à propos de l’imagination, il est même impossible de penser sans une image mentale". Il continue en disant que la mémoire appartient à la même partie de l’âme que l’imagination ; c’est un ensemble d’images mentales recueillies à partir des impressions sensorielles mais avec, en plus, un élément temporel, car les images mentales de la mémoire ne dérivent plus de la perception de choses présentes, mais passées. […] Néanmoins, la faculté intellectuelle joue un rôle dans la mémoire, puisque la pensée y travaille sur les images qu’y a déposées la perception sensorielle.

Auteur: Yates Frances Amelia

Info: L'art de la mémoire, de l’anglais par Daniel Arasse, éditions Gallimard, 2022, pages 59 à 61

[ théologie ] [ historique ] [ résumé ]

 

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philosophie

Le De inventione est le premier ouvrage de Cicéron sur la rhétorique ; il l’a écrit une trentaine d’années avant le De oratore, en même temps à peu près que l’auteur inconnu de l’Ad Herennium rédigeait son manuel. Le De inventione ne nous apprend rien de nouveau des idées de Cicéron sur la mémoire artificielle, car le livre ne s’occupe que de la première partie de la rhétorique, l’inventio, découverte ou mise au point du sujet d’un discours, l’assemblage des "choses" dont il va traiter. Le De inventione devait jouer cependant un rôle important dans l’histoire postérieure de l’art de la mémoire, car c’est à partir des définitions que donne Cicéron des vertus dans cet ouvrage, que la mémoire artificielle est devenue au Moyen Age une partie de la vertu cardinale de la Prudence.

Vers la fin du De inventione, Cicéron définit la vertu comme une "disposition d’esprit en harmonie avec la raison et l’ordre du monde", définition stoïcienne de la vertu. Il affirme alors que la vertu a quatre parties, la Prudence, la Justice, la Constance et la Tempérance. […]

Les définitions que donne Cicéron des vertus et de leurs parties ont été une source très importante pour la formation de ce que l’on appela plus tard les quatre vertus cardinales. Quand Albert le Grand et saint Thomas d’Aquin analysent les vertus dans leurs Summae, ils citent la définition donnée par "Tullius" pour les trois parties de la Prudence. Et le fait que "Tullius" fasse de la mémoire une partie de la Prudence fut la raison essentielle de la considération qu’ils avaient pour la mémoire artificielle. Le raisonnement avait une belle symétrie et il était lié au fait que le Moyen Age associait le De inventione et l’Ad Herennium en y voyant deux œuvres de Tullius ; les deux œuvres étaient connues respectivement sous le nom de Prima et Seconda Rhetorica de Tullius. [...] C'est sous la rubrique de la mémoire comme élément de la Prudence qu'Albert le Grand et saint Thomas d'Aquin citent et analysent les règles de la mémoire artificielle.

Auteur: Yates Frances Amelia

Info: L'art de la mémoire, de l’anglais par Daniel Arasse, éditions Gallimard, 2022, pages 43 à 45

[ théologie ] [ historique ]

 

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philosophie

La Dissertatio de arte combinatoria est une des premières œuvres de Leibniz ; elle a été écrite avant son séjour à Paris (1672-1676), au cours duquel il perfectionna ses études mathématiques, en apprenant de Huygens et d’autres les derniers progrès dans le domaine des hautes mathématiques. C’est à partir de cet ouvrage qu’il devait faire ses propres progrès et c’est à cette histoire que se rattache la naissance du calcul infinitésimal auquel Leibniz aboutit tout à fait indépendamment, semble-t-il, d’Isaac Newton qui travaillait dans une direction semblable au même moment. […]

Comme on le sait, Leibniz élabora un projet connu sous le nom de characteristica. Il s’agissait de dresser des listes de toutes les notions essentielles et il fallait attribuer à ces notions des symboles ou "caractères". Un tel schéma subit manifestement l’influence de l’ancienne pratique, née avec Simonide, qui cherchait à trouver des "images pour les choses". Leibniz était au courant des aspirations, si largement répandues à son époque, en faveur de la formation d’un langage universel par signes ou symboles – les schémas de Bisterfield et d’autres – mais, comme je l’ai déjà dit, ces schémas subissaient eux-mêmes l’influence de la mnémonique. Et la characteristica de Leibniz devait être plus qu’un langage universel ; elle devait être un "calculus". Les "caractères" devaient être utilisés dans des combinaisons logiques, de façon à former un art universel, un calcul permettant d’obtenir la solution de tous les problèmes. En pleine maturité, Leibniz, mathématicien et logicien suprême, continue manifestement en plein la Renaissance et les efforts qu’elle faisait pour réaliser la synthèse entre le lullisme et l’art classique de la mémoire, en utilisant les images de l’art classique sur les roues combinatoires de Lulle.

Dans l’esprit de Leibniz, la "characteristica" ou calcul était liée au projet d’une encyclopédie qui devait rassembler tous les arts et toutes les sciences connues de l’homme. Il s’agissait d’abord de systématiser toute la connaissance dans l’encyclopédie, puis d’attribuer des "caractères" à toutes les notions ; on pouvait alors, finalement, établir le calcul universel pour trouver la solution de tous les problèmes.

Auteur: Yates Frances Amelia

Info: L'art de la mémoire, de l’anglais par Daniel Arasse, éditions Gallimard, 2022, pages 529-530

[ méthode ] [ résumé ] [ origine ]

 

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réminiscence

Dans le Phèdre, où Platon expose sa conception de la vraie fonction de la rhétorique – qui est de persuader les hommes de connaître la vérité – il développe à nouveau le thème que la connaissance de la vérité et de l’âme consiste à se rappeler, en se souvenant des Idées que les âmes ont vues une fois et dont toutes les choses matérielles sont des copies confuses. […]

Le Phèdre est un traité sur la rhétorique dans lequel la rhétorique n’est pas considérée comme un art de persuasion à utiliser pour en tirer un avantage personnel ou politique, mais comme un art de dire la vérité et de persuader les auditeurs de venir à la vérité. Ce pouvoir dépend d’une connaissance de l’âme, et la vraie connaissance de l’âme réside dans le souvenir des Idées. La mémoire n’est pas une "section" de ce traité, conçue comme une partie de l’art de la rhétorique ; la mémoire au sens platonicien est la base de l’ensemble.

Il est clair que, du point de vue de Platon, la mémoire artificielle, telle que l’utilise un sophiste, ne peut être qu’une malédiction, une profanation de la mémoire. […] Une mémoire platonicienne ne devrait pas être organisée aussi vulgairement que cette mnémotechnique, mais en rapport avec les réalités supérieures.

Ce sont les néo-platoniciens de la Renaissance qui ont tenté de réaliser précisément cette entreprise grandiose, dans le cadre de l’art de la mémoire. Une des manifestations les plus frappantes de la façon dont la Renaissance a utilisé l’art de la mémoire est donnée par le Théâtre de la Mémoire de Giuliu Camillo. En utilisant les images placées dans des lieux à l’intérieur d’un théâtre néo-classique – c’est-à-dire en utilisant la technique de la mémoire artificielle d’une manière tout à fait orthodoxe – le système mnémonique de Camillo se fonde (à ce qu’en croit l’auteur) sur des archétypes de la réalité dont dépendent les images secondaires qui couvrent tout le royaume de la nature et de l’homme. […] son but est de construire une mémoire artificielle fondée sur la vérité.

Auteur: Yates Frances Amelia

Info: L'art de la mémoire, de l’anglais par Daniel Arasse, éditions Gallimard, 2022, pages 66-67

[ historique ] [ influence ] [ philosophie ]

 

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théâtre de la mémoire

Ainsi, suivant la coutume des théâtres antiques où les personnages les plus importants prenaient place au rang le plus bas, Camillo a situé sur son degré le plus bas les sept mesures essentielles dont dépendent selon la théorie magico-mystique, toutes les choses d’ici-bas : les sept planètes. […]

Le deuxième degré du Théâtre constitue réellement le premier jour de la création, représenté par l’image du banquet offert par l’Océan aux dieux, aux éléments naissants de la création, présents ici dans leur forme simple, pas encore altérée. […]

Le degré de la Caverne [troisième degré] représente donc un stade plus avancé de la création, le moment où les éléments sont mélangés pour former les choses créées, les elementata. Ce stade est illustré par des citations tirées du commentaire de la Cabale sur la Genèse.

Avec le quatrième degré, nous atteignons la création de l’homme, ou plutôt de l’homme intérieur, de son esprit et de son âme. […]

Au cinquième degré, l’âme de l’homme s’unit à son corps. Cette union est symbolisée par l’image de Pasiphaé et du Taureau, image-guide qui se retrouve sur les portes de ce degré. […] 

"Le sixième degré comporte, sur toutes les portes des planètes, les Sandales et les autres attributs que revêt Mercure quand il va exécuter la volonté des Dieux, comme le racontent les poètes. Par ce moyen, la mémoire sera éveillée et incitée à trouver, derrière ces portes, toutes les opérations que l’homme peut effectuer naturellement… et sans art." [L’Idea del theatro] […]

"Le septième degré est consacré à tous les arts, à la fois nobles et vulgaires, et sur chaque porte se trouve Prométhée qui tient une torche allumée." [L’Idea del theatro] L’image de Prométhée, qui a volé le feu sacré et qui a enseigné aux hommes la connaissance des dieux, de tous les arts et de toutes les sciences, devient donc l’image la plus élevée : elle domine les portes du plus haut degré du Théâtre. Le degré de Prométhée ne comprend pas seulement les arts et les sciences, mais aussi la religion et la loi.

Le Théâtre de Camillo représente donc l’univers qui s’étend à partir des Causes premières à travers les stades de la création. D’abord les eaux donnent naissances aux éléments simples, au degré du Banquet ; puis les éléments se mélangent dans la Caverne ; puis on rencontre la création de la mens humaine à l’image de Dieu au degré des Gorgones ; puis, au degré de Pasiphaé et du Taureau, l’union de l’âme et du corps humains ; puis le monde tout entier des activités humaines : activités naturelles au degré des Sandales de Mercure, arts et sciences, religion et lois au degré de Prométhée.

Auteur: Yates Frances Amelia

Info: L'art de la mémoire, de l’anglais par Daniel Arasse, éditions Gallimard, 2022, pages 199 à 203. A propos du théâtre de la mémoire construit par le vénitien Camillo Giulio

[ septénaire ] [ symboles ] [ mythologie ]

 

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