Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 54
Temps de recherche: 0.0342s

significations voilées

[…] je regardai la nappe et la menotte de Léna… elle était plus calme, sans tremblements marqués (mais cela pouvait justement prouver que c’était elle qui avait orienté le timon !) … et les autres mains, par exemple celle de Léon, endormie, ou celle de Lucien, érotiquement non érotique, et la patte de Bouboule, rouge comme une betterave, petit poing sortant de son bras épais de vieille sorcière, ce qui provoquait un malaise envahissant…qui devenait encore plus désagréable à la vue du coude, où la rougeur mobile se transformait en golfes bleus et violets qui annonçaient d’autres zones cachées. Combinaisons compliquées, fatigantes, de mains, analogues aux combinaisons du plafond, des murs, de partout… 

Auteur: Gombrowicz Witold

Info: Dans "Cosmos", trad. Georges Sédir, éd. Denoël, 1966, page 72

[ métonymiques ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

mise en abyme

Frédéric dis-je, voûté, chétif, incurvé, en binocles, la bouche nerveuse agitée de tics, les mains dans les poches – le type même de l’intellectuel à la campagne… Cependant, dans ce contraste, le paysage n’était plus victorieux, les arbres perdaient de leur assurance, le ciel semblait mitigé, la vache n’offrait plus la résistance prévue, la toute-éternité de la campagne semblait maintenant troublée, incertaine, entamée… et Frédéric, oui, Frédéric, paraissait maintenant plus réel que l’herbe. Plus réel ? Pensée fatigante, inquiétante, sale pour tout dire, un peu hystérique aussi, et même provocante, envahissante, destructrice… et je me demandais d’où elle me venait, cette pensée, de Frédéric, ou bien de la guerre, de la révolution, de l’occupation… ou de l’un et de l’autre, des deux ?

Auteur: Gombrowicz Witold

Info: La Pornographie

[ observateur observé ] [ secondéité secondaire ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

fragile humanité

Pour Kierkegaard, pour Heidegger, pour Sartre, plus la conscience est profonde, plus l'existence est authentique. Ils mesurent l'honnêteté et l'essence de l'expérience au degré de conscientisation. Mais notre humanité est-elle vraiment construite sur pareille conscience ? Cette conscience - forcée, extrême - naît au milieu de nous, et non de nous, comme quelque chose créé par l'effort, chacun se perfectionnant mutuellement en son sein, comme concrétisant quelque chose qu'un philosophe impose à un autre ? Par conséquent l'homme n'est-il donc pas, dans sa réalité privée, une sorte d'enfant, toujours situé au-dessous de sa propre conscience ? Et ne la ressent-il pas comme quelque chose d'étranger, d'imposé et d'insignifiant ? Si tel est le cas, cette puérilité sous-jacente, cette dégradabilité occultes, sont prêtes à faire exploser nos systèmes en tout temps.

Auteur: Gombrowicz Witold

Info: Dziennik 1953-1956 , Trad de l'anglais, Mg

[ sagesse grégaire ] [ égoïsmes ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

rapports humains

La malédiction de l'humanité est que (...) chacun doit être éprouvé et jugé par chacun, la conclusion des êtres ignares, bornés et obtus n'étant pas moins importante que celle des êtres intelligents, brillants et subtils. L'homme dépend très étroitement de son reflet dans l'âme d'autrui, cette âme fût-elle celle d'un crétin. Là, je m'oppose avec fermeté à l'avis de mes collègues qui, devant l'opinion des obtus, prennent une attitude d'aristocrates en proclamant Odi profanum vulgus*. Quelle façon pauvre et médiocre d'échapper à la réalité, quelle misérable fuite dans une fausse supériorité ! J'affirme, juste à l'inverse, que plus une opinion est obtuse et étroite, plus elle est, pour nous, importante et forte, tout comme un soulier étroit se fait mieux sentir qu'un soulier bien adapté au pied.

Auteur: Gombrowicz Witold

Info: Ferdydurke. *Je déteste les gens ordinaires

[ ouverture ] [ bêtise ] [ banalité ] [ trivialité ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

beaux-arts

Je ne partage pas cette crainte comme quoi "les générations futures ne liront plus de romans", etc. C'est probablement un total malentendu que de concevoir l'art véritable et profond en catégories de production, de marché, de lecteurs, d'offre et de demande (...). L'art n'est pas la fabrication d'histoires pour les lecteurs mais une cohabitation spirituelle, quelque chose de si intense et si distinct de la science, peut-être même contradictoire avec elle, qu'il ne peut y avoir de concurrence entre les deux. Si quelqu'un de fin, de digne, de prolifique, travailleur et brillant (c'est ainsi qu'il faut parler des artistes, tel est le langage que l'art exige) naît dans le futur, si quelqu'un d'unique et d'irremplaçable naît, un Bach, un Rembrandt, alors il gagnera les gens, les charmera, les séduira...

Auteur: Gombrowicz Witold

Info: Journal intime

[ génies ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

surmoi

Je pressens (...) que bientôt viendra le moment du Grand Tournant. Le fils de la terre comprendra qu'il ne s'exprime pas en accord avec sa nature profonde, mais dans une forme artificielle qui lui est douloureusement imposée du dehors, soit par les hommes, soit par les circonstances. Il en viendra donc à avoir peur et honte de sa forme, alors que jadis il la révérait et s'en glorifiait. Nous nous mettrons bientôt à redouter notre personne et notre personnalité en discernant qu'elles ne sont pas pleinement nôtres. Et au lieu de meugler : "Voilà ce que je crois, voilà ce que je sens, voilà ce que je suis, voilà ce que je soutiens", nous dirons avec humilité : "Quelque chose en moi a parlé, agi, pensé..."


Auteur: Gombrowicz Witold

Info: Ferdydurke

[ politiquement correct ] [ récit officiel ] [ pouvoir sémantique ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

homme-par-homme

Visiblement, ils venaient à peine de se marier, il posait sa main sur la sienne, il la regardait dans les yeux. Comment était-il ? Assez grand, plutôt bien bâti, un peu alourdi, assez intelligent, architecte, chargé de la construction d’un hôtel. Il parlait peu, il prenait un radis – mais comment était-il ? Et comment étaient-ils ensemble, tout seuls, que faisait-il avec elle, elle avec lui, l’un avec l’autre ? … Pouah, trouver ainsi un homme aux côtés de la femme qui vous intéresse, cela n’a rien de plaisant… mais c’est pis encore lorsqu’un tel homme, avec qui vous n’avez rien de commun, devient aussitôt l’objet de votre curiosité (forcée) et que vous devez deviner ses tendances et ses goûts les plus secrets ; il vous faut, malgré votre répugnance, le sentir à travers cette femme.

Auteur: Gombrowicz Witold

Info: Dans "Cosmos", trad. Georges Sédir, éd. Denoël, 1966, page 30

[ rivalité ] [ imagination sexuelle ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

introspection

J'allais passer entre ceux deux pierres, mais au dernier moment je fis un petit écart pour passer entre une des pierres et le petit coin de terre retourné, c'était un écart minime, rien du tout... Et pourtant ce très léger écart était injustifié et cela, semble-t-il, me déconcerta... alors, machinalement, je m'écarte à nouveau un tout petit peu pour passer entre les deux pierres, comme j'en avais d'abord l'intention, mais j'éprouve une certaine difficulté, oh très faible, venue de ce que, après ces deux écarts successifs, mon désir de passer entre les pierres a pris désormais le caractère d'une décision, peu importante bien entendu, mais d'une décision quand même. Ce que rien ne justifie car la parfaite neutralité de ces choses dans l'herbe n'autorise pas une décision : quelle différence de passer par ici ou par là ?

Auteur: Gombrowicz Witold

Info: Cosmos

[ chair-esprit ] [ action ]

 

Commentaires: 0

parents

Je remarquai de bonne heure que mon père évitait comme le feu le contact de ma mère. Pis encore, il évitait sa vue et, quand il lui parlait, il regardait en général de côté ou s'examinait les ongles. Rien de plus triste en son genre que ce regard obstinément baissé. Parfois, cependant, il la regardait en biais, avec les marques d'un dégoût sans bornes. [...] Et comment dans ces conditions expliquer mon existence? Comment étais-je venu au monde? Je pense qu'on m'avait conçu dans une sorte de contrainte, les dents serrées, en faisant violence à l'instinct - autrement dit, je suppose que mon père a lutté un certain temps contre son dégoût au nom du devoir conjugal (il plaçait plus haut que tout son honneur viril) et qu'un bébé, moi, a été le fruit de cet héroïsme.

Auteur: Gombrowicz Witold

Info: Bakakaï

[ jugement ] [ reproduction ] [ enfant ]

 

Commentaires: 0

enseignement

Avec l'écrivain argentin Ernesto Sabato au bar Helvetico.
Sabato, qui, en dehors de son métier d'écrivain enseigne la philosophie dans un cours privé, veut bien m'initier à sa méthode : "Hay que golpear, me dit-il, il faut frapper un coup." Les arracher à la réalité coutumière et faire en sorte qu'ils perçoivent tout à neuf, pour la première fois. Lorsqu'ils se retrouveront complètement désarmés au milieu d'un monde ainsi perçu à neuf, l'angoisse les obligera à chercher des solutions et ils se mettront en quête d'un maître... --- mais il faut tout casser, créer un état d'alerte....
Il a raison. Car le savoir, de quelque espèce qu'il soit --- depuis les mathématiques les plus strictes jusqu'aux plus obscures suggestions de l'art -- n'est point fait pour tranquilliser notre âme, mais pour l'ébranler, la mettre en état de vibration et de tension.

Auteur: Gombrowicz Witold

Info: Journal, tome 1 1953-1958

[ déstabiliser ] [ pédagogie ]

 

Commentaires: 0