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illumination

Nous sommes partis de bon matin à cinq heures avec un pêcheur de langoustes et l'on a commencé par rôder trois heures sur la mer, où nous avons tout appris de l'art d'attraper les langoustes. [...] Puis on nous déposa dans une crique inconnue. Et là s'offrit à nous une image d'une perfection si accomplie qu'il se produisit en moi quelque chose d'étrange mais qui n'est pas incompréhensible ; c'est qu'à proprement parler je ne la voyais pas ; elle ne me frappait pas ; sa perfection la mettait au bord de l'invisible.

Auteur: Benjamin Walter

Info: Expérience et pauvreté : Walter Benjamin à Ibiza (1932-1933) de Vicente Valero,j 2006. Lettre du 10 juin 1933 de WB à Gretel depuis Ibiza

[ émerveillement ] [ nature ] [ indicible ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

redécouverte

Dans ce petit bar du port, le haschich commença à faire jouer sa magie à proprement parler canonique avec une acuité brutale telle que je ne l’avais pour ainsi dire jamais connue auparavant. En effet, il faisait de moi un physiognomoniste, au moins un observateur de physionomies, et je vécus quelque chose de tout à fait unique dans mon expérience : j’étais littéralement rivé à ces visages que j’avais autour de moi et qui étaient pour certains d’une grossièreté ou d’une laideur remarquable. Des visages que j’aurais d’ordinaire évités pour deux raisons : je n’aurais pas souhaité attirer leur regard sur moi, ni n’aurais supporté leur brutalité.

Auteur: Benjamin Walter

Info: Dans "Haschich à Marseille" in Images de pensée, page 203

[ fascination ] [ hypnotisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

libéralisme économique

Le capitalisme est probablement le premier exemple d'un culte qui n'est pas expiatoire mais culpabilisant. Ce système religieux est entraîné ici même dans un mouvement monstrueux. Une conscience monstrueusement coupable qui ne sait pas expier se saisit du culte, non pas afin d'expier en lui cette culpabilité mais d'en faire une culpabilité universelle, d'en saturer la conscience (...). Il tient à l'essence même de ce mouvement religieux qu'est le capitalisme de persévérer jusqu'à la fin (...), jusqu'à ce que soit atteint un état universel de désespoir. L'inouï du capitalisme sur le plan historique réside dans le fait que la religion n'est plus réforme de l'être mais sa dévastation.

Auteur: Benjamin Walter

Info: Le capitalisme comme religion, 1921

[ dogme ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

société industrielle

[...] au Moyen Âge et jusqu’à l’aube du XIXe siècle, le développement de la technique dans toutes les productions artisanales a été beaucoup plus lent que celui de l’art. L’art pouvait prendre le temps de dissimuler de multiples façons les procédés techniques. Mais les bouleversements qui commencent vers 1800 imposèrent leur rythme à l’art, et plus ce rythme devint haletant, et plus la domination de la mode se fit sentir dans tous les domaines. On en vient enfin à la situation actuelle : il est possible d’envisager que l’art ne puisse trouver le temps de s’insérer d’une façon ou d’une autre dans le processus technique. La publicité est la ruse qui permet au rêve de s’imposer à l’industrie.

Auteur: Benjamin Walter

Info: Paris, capitale du XIXe siècle. Le livre des passages, Paris, Cerf, 1997, page 179

[ disparition ] [ transformation ] [ course ] [ beaux-arts ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

carcan sémantique

Chaque matin nous apporte des nouvelles du monde entier, et pourtant tout cela est pauvre en histoires remarquables. En effet, aucun événement ne nous parvient sans être orienté par une explication préalable. Bref de nos jours presque rien de ce qui se passe ne bénéficie à la narration et quasi tout bénéficie à l'information. En fait, c'est la moitié de l'art du conte que de garder une histoire libre de toute explication au fur et à mesure qu'on la répète... Les choses les plus extraordinaires, les plus merveilleuses, sont contées avec la plus grande exactitude, mais le lien psychologique de l'événement n'est pas imposé au lecteur. C'est à lui d'interpréter les choses comme il les comprend, ainsi le récit atteint ainsi une amplitude qui fait défaut à l'information.

Auteur: Benjamin Walter

Info: Illuminations: Essays and Reflections

[ pouvoir ] [ propagande ] [ communiqués ] [ infos ] [ décontextualisation ]

 

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écrivain-sur-écrivain

A bien y réfléchir, on rencontre quelque chose de très suisse chez cet écrivain [Robert Walser] : la pudeur. On raconte l'histoire suivante à propos d'Arnold Böcklin, de son fils Carlo et de Gottfried Keller : un jour, ils étaient, comme souvent, au cabaret. Leur table d'habitués était depuis très longtemps célèbre en raison du caractère taciturne et renfermé de ses buveurs. Cette fois encore, la tablée restait silencieuse. C'est alors, au bout d'un long moment, que le jeune Böcklin fit remarquer : "Fait chaud" ; un quart d'heure plus tard, le vieux renchérit : "Pas un souffle". Keller, de son côté, attendit un moment, puis se leva en disant : "Je ne boirai pas avec des bavards". La pudeur paysanne à l'égard du langage, ici poussée jusqu'à l'excentricité, c'est tout Walser.

Auteur: Benjamin Walter

Info: Dans "Oeuvres", tome II

[ taiseux ] [ silence ] [ humour ]

 
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visuel

Dans notre jardin, il y avait un pavillon vermoulu et abandonné. Je l’aimais pour ses fenêtres polychromes. Quand je passais, à l’intérieur, de vitrail en vitrail, je me métamorphosais ; je me colorais comme le paysage qui, tantôt flamboyant, tantôt empoussiéré, tantôt étouffé comme un feu sous la braise et tantôt luxuriant, occupait la fenêtre. C’était la même expérience que pendant l’aquarelle, lorsque les choses ouvraient leur giron dès que je m’en emparais dans un nuage humide. Il en allait de même avec les bulles de savon. Je voyageais à l’intérieur d’elles à travers la pièce et je me mêlais au jeu de couleurs du dôme jusqu’à ce qu’il éclate. Dans le ciel, avec un bijou, dans un livre, je me perdais dans les couleurs. Les enfants trouvent leur butin sur tous les chemins.

Auteur: Benjamin Walter

Info: "Les couleurs"

[ fusion ] [ rêves d'enfance ]

 

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pauvreté

Marseille. Denture jaune de loup de mer la gueule ouverte, qui laisse s’échapper l’eau salée d’entre ses dents. Quand cette gueule saisit les corps bruns et noirs de prolétaires que les compagnies maritimes lui donnent à manger selon l’horaire établi, il s’en exhale une odeur puante d’huile, d’urine et d’encre d’imprimerie. C’est l’odeur du tartre qui s’attache aux puissantes mâchoires : les kiosques à journaux, les pissotières et les étalages des écaillers. Le peuple du port est une culture de bacilles ; les portefaix et les putains sont des produits de décomposition à forme humaine. Mais le palais paraît rose. C’est ici la couleur de la honte, de la misère. Les bossus s’habillent ainsi et les mendiantes. Et leur seul vêtement donne aux femmes décolorées de la rue Bouterie leur seule couleur : des chemises roses.

Auteur: Benjamin Walter

Info: Dans "Marseille" in Image de pensée, page 103

[ description ] [ bas-fond ]

 
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description

La ville [Naples] est rocheuse. Vue des hauteurs, où les signaux sonores ne parviennent pas, de Castell San Martino, elle dépérit dans le couchant, fusionnant avec la pierre. Seul un bout de rive serpente alors, derrière, les bâtiments s’empilent les uns sur les autres. A côté de villas, sur des fonds sillonnés d’escaliers, des cités-casernes, de six ou sept étages font figure de gratte-ciel. Dans le fond rocheux lui-même où l’on atteint la rive on a creusé des cavernes. Comme sur les tableaux d’ermites du trecento une porte apparaît ici et là dans les rochers. Est-elle ouverte, le regard pénètre alors dans de grandes caves, à la fois chambres et entrepôts. Plus loin des marches mènent à la mer, à des bistrots de pêcheurs installés dans des grottes naturelles. Une lumière trouble et un filet de musique montent de là-bas le soir.

Auteur: Benjamin Walter

Info: Dans "Naples" in Images de pensée, page 11

[ ville ] [ italie ] [ décor ]

 
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limitation

Le trait proprement génial chez Kafka fut d'avoir expérimenté quelque chose de tout à fait nouveau ; il renonça à la vérité pour ne pas lâcher la transmissibilité. Le pari de Kafka a été de retrouver coûte que coûte cette transmissibilité; mais ce fut au prix de la vérité. C'est pourquoi chez Kafka il n'est plus question de sagesse, seulement d'une collection de prescriptions et règles de conduites indéchiffrables, débris d'une loi dont nul ne sait que faire. Le narrateur kafkaïen parvient de nouveau à transmettre : simplement il n'a plus rien à dire. Benjamin décèle donc derrière le style limpide des écrits de Kafka la présence d'une voix sans visage, d'une voix qui s'oublie et s'épuise à dire quelque chose. Elle témoigne d'une impossibilité croissante à transmettre une vérité ou une expérience qu'elle-même tient pour essentielle. Kafka a écrit le *dysangile de notre présent.

Auteur: Benjamin Walter

Info: *mauvaise nouvelle

[ littérature ] [ administration ] [ analyse ] [ impuissance ] [ écrivain-sur-écrivain ]

 

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