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mort imminente

Les images avaient une telle violence que j'en conclus moi-même que j'étais tout près de mourir. Mon infirmière me dit plus tard : " Vous étiez comme entouré d'un halo lumineux ! " C'est un phénomène qu'elle avait parfois observé chez les mourants.(...)

Je croyais être très haut dans l'espace cosmique. Bien loin au-dessous de moi j'apercevais la sphère terrestre baignée d'une merveilleuse lumière bleue (...) Évidemment je voyais aussi les sommets enneigés de l'Himalaya, mais tout y était brumeux et nuageux (...) Je savais que j'étais en train de quitter la terre. (...) Le spectacle de la terre vue de cette hauteur était ce que j'ai vécu de plus merveilleux et de plus féerique.  (...)

Quelque chose de nouveau entra dans mon champ visuel. À une faible distance, j'aperçus dans l'espace un énorme bloc de pierre, sombre comme un météorite, à peu près de la grosseur d'une maison, peut-être même plus gros. La pierre planait dans l'univers et je planais moi-même dans l'espace.  

J'ai vu des pierres semblables sur la côte du Bengale (...). Ma pierre était aussi un de ces sombres et gigantesques blocs. Une entrée donnait accès à un petit vestibule ; à droite, sur un banc de pierre, un indien à la peau basanée était assis dans la position du lotus, complètement détendu, en repos parfait ; il portait un vêtement blanc. Ainsi, sans mot dire, il m'attendait. Deux marches conduisaient à ce vestibule ; à l'intérieur, à gauche, s'ouvrait le portail du temple (...)

Quand je m'approchai des marches par lesquelles on accédait au rocher, je ressentis une très étrange impression : tout ce qui avait été jusqu'alors s'éloignait de moi. Tout ce que je croyais, désirais ou pensais, toute la fantasmagorie de l'existence terrestre se détachait de moi ou m'était arrachée ; processus douloureux à l'extrême. Cependant quelque chose en subsistait, car il me semblait avoir alors, près de moi, tout ce que j'avais vécu ou fait, tout ce qui s'était déroulé autour de moi. Je pourrais tout aussi bien dire : c'était près de moi et j'étais cela ; tout cela en quelque sorte me composait. J'étais fait de mon histoire et j'avais la certitude que c'était bien moi. (...)

Cet événement me donna l'impression d'une extrême pauvreté, mais en même temps d'une extrême satisfaction. Je n'avais plus rien à vouloir, ni à désirer ; j'étais pourrait-on dire, objectif, j'étais ce que j'avais vécu. (...) Plus aucun regret que quelque chose fut parti ou enlevé. Au contraire : j'avais tout ce que j'étais et je n'avais que cela.  

J'eus encore une autre préoccupation : tandis que je m'approchais du temple, j'avais la certitude d'arriver dans un lieu éclairé et d'y rencontrer le groupe d'humains auquel j'appartiens en réalité. Là je comprendrais enfin, cela aussi était pour moi une certitude, dans quelle relation historique je me rangeais, moi ou ma vie. Je saurais ce qui était avant moi, pourquoi j'étais devenu ce que je suis et vers quoi ma vie continuerait à s'écouler...

Tandis que je méditais sur tout cela, un fait capta mon attention : d'en bas, venant de l'Europe, une image s'éleva : c'était mon médecin, ou plutôt son image, encadrée d'une chaîne d'or ou d'une couronne dorée de lauriers. Je me dis aussitôt : " Tiens ! c'est le médecin qui m'a traité ! ".  Dans une vie antérieure il aurait été le roi de cette île où l'on avait érigé un temple en hommage à Esculape, dieu romain de la médecine, mais aussi lieu de naissance d'Hippocrate, modèle de l'éthique médicale.

Quand il fut arrivé devant moi, planant comme une image née des profondeurs, il se produisit entre nous une silencieuse transmission de pensées. Mon médecin avait été en effet délégué par la terre pour m'apporter un message : on y protestait contre mon départ. Je n'avais pas le droit de quitter la terre et devais y retourner. Au moment où je perçus ce message, la vision disparu.  

J'étais déçu à l'extrême ; maintenant tout semblait avoir été en vain. Le douloureux processus de " l'effeuillement " avait été inutile : il ne m'était pas permis d'entrer dans le temple ni de rencontrer les hommes parmi lesquels j'avais ma place. (...)

En réalité, il se passa encore trois bonnes semaines avant que je pusse me décider à revivre, je ne pouvais pas me nourrir, j'éprouvais du dégoût pour tous les mets. La vie et le monde entier m'apparaissaient comme une prison... (...)

Je ressentais de la résistance face à mon médecin parce qu'il m'avait ramené à la vie. Par ailleurs, j'éprouvais du souci à son sujet : " Par Dieu, il est menacé ! Ne m'est-il pas apparu sous sa forme première ? Lorsque quelqu'un en est arrivé à cette forme, c'est qu'il est sur le point de mourir " (...). J'essayai de mon mieux de lui en parler, mais il ne comprît pas. (...) J'avais la ferme conviction qu'il était en danger parce que je l'avais rencontré dans sa forme originelle.

En effet je fus son dernier malade. Le 4 avril 1944, je sais encore très exactement la date, je fus autorisé, pour la première fois, à m'asseoir sur le bord du lit et ce même jour, il se coucha pour ne plus se relever.  

(...)

Après cette maladie commença pour moi une période fertile de travail. Bon nombre de mes oeuvres principales ne furent écrites qu'après. La connaissance ou l'intuition de la fin de toutes choses me donnèrent le courage de chercher de nouvelles formes d'expression.



 

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: " Ma vie ", pp 331 à 337. En début de l’année 1944 Jung a un infarctus, il a alors 59 ans.

[ illumination ] [ acédie ] [ prémonition ] [ réincarnation ] [ déception ] [ renaissance ] [ moi supérieur ] [ incarnation limitée ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

psychanalyse

Ce serait une erreur de croire que l'inconscient est quelque chose d'inoffensif, à propos de quoi on pourrait, par exemple, organiser des petits jeux de société, ou qu'on pourrait à la légère utiliser à des essais thérapeutiques. Assurément, l'inconscient n'est pas dangereux en toutes circonstances ni chez tout le monde. Mais, dès qu'il existe une névrose, celle-ci est un signal d'alarme qui indique qu'il s'est produit dans l'inconscient une accumulation toute particulière d'énergie, formant une sorte de charge susceptible d'exploser. C'est pourquoi, dès lors, des précautions s'imposent. On ignore totalement ce qu'on est susceptible de déclencher quand on commence à analyser les rêves d'un sujet. Il se peut qu'on mette ainsi en mouvement quelque chose d'intérieur, d'invisible; très probablement il s'agit de quelque chose qui, de toute façon se serait tôt ou tard frayé une issue au-dehors... mais il est possible aussi que cela ne se serait jamais produit. On creuse, en quelque sorte, dans l'espoir de trouver un puits artésien, et l'on risque de tomber sur un volcan. Dès que des symptômes névrotiques existent, la plus grande réserve est de mise, et l'on ne doit avancer qu'avec prudence. Mais les cas névrotiques ne sont pas à beaucoup près les plus dangereux. On peut rencontrer des sujets dont l'apparence est des plus normales, qui ne présentent aucun symptôme névrotique particulier eux-mêmes parfois médecins ou éducateurs qui font même étalage de leur "normalité" qui sont des modèles de bonne éducation, qui ont dans la vie des opinions et des habitudes des plus normales, et dont la normalité n'en est pas moins une compensation artificielle pour une psychose latente et cachée. Les intéressés eux-mêmes ne soupçonnent en rien leur état. L'intuition vague qu'ils en ont ne s'exprime peut-être indirectement que par l'attrait particulier que leur inspirent la psychologie et la psychiatrie, domaines qui les captivent comme la lumière attire les papillons. Or, du fait que la technique de l'analyse active l'inconscient et l'aide à s'exprimer, elle détruit, en pareil cas, la compensation salutaire qui s'était installée, et l'inconscient fait irruption sous forme d'imaginations irrépressibles, d'onirisme, donnant lieu à des états d'excitation qui, dans certaines circonstances, aboutissent à une aliénation mentale durable, à moins qu'elle n'ait poussé auparavant au suicide. Ces psychoses latentes, hélas! ne sont pas tellement rares. Quiconque s'occupe d'analyse de l'inconscient est exposé au danger de tomber sur des cas de cette nature, même s'il dispose d'une grande expérience et de beaucoup d'habileté. Abstraction faite de ces cas, il est d'ailleurs possible que le praticien, par maladresse, par des erreurs de conception, par des interprétations arbitraires, fasse échouer des cas qui ne comportaient pas nécessairement un dénouement fâcheux. Cela n'est pas, il est vrai, l'apanage exclusif de l'analyse de l'inconscient, mais marque de son sceau toute intervention médicale si elle est manquée. L'affirmation gratuite que l'analyse rend les gens fous est naturellement aussi stupide que l'idée du vulgaire qui prétend que le médecin aliéniste, à force de s'occuper de fous, doive le devenir à son tour. En dehors des risques inhérents au traitement, l'inconscient peut devenir dangereux par lui-même. Une des formes les plus fréquentes que revêtent les dangers qu'il fait encourir, c'est la détermination d'accidents. Un nombre d'accidents de toute nature, beaucoup plus considérable que le public ne le pense, répond à un conditionnement psychique; qu'il s'agisse de petits incidents comme de trébucher, de se cogner, de brûler les doigts, ou de grandes catastrophes, accidents d'automobiles ou chutes en montagne, tous ces accidents, petits ou grands, peuvent être motivés et causés psychologiquement et se trouvent parfois préparés depuis des semaines ou même des mois. J'ai examiné beaucoup de cas de ce genre et, bien souvent, j'ai constaté chez le sujet l'existence de rêves qui dénotaient, bien des semaines à l'avance, l'existence d'une tendance à s'endommager soi-même; tendance qui, bien entendu, s'exprimait la plupart du temps de façon symbolique. Tous les accidents qui arrivent soit disant par inattention devraient être examinés dans la perspective d'une détermination éventuelle de cette sorte. On sait bien que lorsque, pour une raison ou une autre, on est mal disposé, il vous arrive non seulement des anicroches plus ou moins sérieuses, mais aussi parfois des choses graves qui, si elles surviennent à un moment psychologiquement approprié, peuvent même mettre un terme à une existence. D'ailleurs la sagesse populaire le dit : "Un tel est mort au bon moment", sentiment inspiré par une intuition très juste de la causalité psychologique du cas. De façon analogue, des maladies physiques peuvent être engendrées et entretenues. Un fonctionnement défectueux de l'âme peut porter au corps de notables dommages, de même que réciproquement une affection physique peut entraîner une souffrance de l'âme. Car l'âme et le corps ne sont pas des éléments séparés; ils constituent, au contraire, une seule et même vie. Aussi y a-t-il rarement une maladie somatique qui, alors même qu'elle n'a pas été déterminée par des causes psychiques, n'entraîne des complications morales d'une nature quelconque, complications qui, à leur tour, retentissent sur l'affection organique. Mais ce serait une erreur de ne mettre en relief que le côté défavorable de l'inconscient. Dans tous les cas courants, l'inconscient ne devient défavorable et dangereux que parce que nous sommes en désaccord avec lui, donc en opposition avec des tendances majeures de nous-mêmes. L'attitude négative à l'adresse de l'inconscient, voire sa répudiation par le conscient, sont nuisibles dans la mesure où les dynamismes de l'inconscient sont identiques à l'énergie des instincts. Par conséquent, un manque de contact et de liens avec l'inconscient est synonyme de déracinement et d'instabilité instinctuelle. Mais si l'on réussit à établir cette fonction, que j'ai dite transcendante, la désunion avec soi-même cessera et le sujet pourra bénéficier des apports favorables de l'inconscient. Car dès que la dissociation entre les divers éléments de soi-même cesse, l'inconscient accorde - l'expérience le prouve abondamment - toute l'aide et tous les élans qu'une nature bienveillante et prodigue peut accorder aux hommes. De fait l’inconscient recèle des possibilités qui sont absolument incessibles au conscient ; car il dispose de tous les contenus psychiques subliminaux, de tout ce qui a été oublié ou négligé, et, en outre, de la sagesse conférée par l'expérience d'innombrables millénaires, sagesse déposée et confiée à ses structures archétypiques.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans "Psychologie de l'inconscient", trad. Roland Cohen, Livre de Poche, Paris, 1993, pages 195-198

[ conciliation ] [ dialectique ] [ psychothérapie ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson