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Helvétie
Naïve, elle faisait pour la Suisse des rêves de domination universelle, élaborait un empire mondial suisse. Elle disait qu'on devrait mettre de bons Suisses, bien raisonnables, bien consciencieux, un peu sévères, à la tête des gouvernements de tous les pays. Alors, tout irait bien. Les agents de police et les facteurs seraient bien rasés et leurs souliers bien cirés. Les bureaux de poste deviendraient propres, les maisons fleuries, les douaniers aimables, les gares astiquées et vernies, et il n'y aurait plus de guerre.
Auteur:
Cohen Albert
Années: 1895 - 1981
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Suisse
Info:
Le Livre de ma mère
[
exemple
]
[
utopie
]
femmes-hommes
Tandis qu'elle se penchait à la fenêtre pour respirer l'air du jardin, il bomba le torse, se félicita de lui avoir baisé la main, cette nuit, avant de la quitter. Ça faisait égards délicats, ça faisait gentilhomme, cet hommage après une intimité où la femme, après tout, quoi, était l'inférieure, la dominée. D'accord, mon vieux, d'accord, elle n'avait pas manifesté cette nuit enfin bref, mais elle avait savouré en silence, c'était clair, elle avait savouré, il avait senti ça, oui, oui, elle avait savouré.
Auteur:
Cohen Albert
Années: 1895 - 1981
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Suisse
Info:
Belle du Seigneur
[
sexualité
]
[
après
]
[
pensée réconfort
]
maman
Fils des mères encore vivantes, n'oubliez plus que vos mères sont mortelles. Je n'aurai pas écrit en vain, si l'un de vous, après avoir lu mon chant de mort est plus doux avec sa mère, un soir, à cause de moi et de ma mère. Soyez doux chaque jour avec votre mère. Aimez-la mieux que je n'ai su aimer ma mère. Que chaque jour vous lui apportiez une joie, c'est ce que je vous dis du droit de mon regret, gravement du haut de mon deuil. Ces paroles que je vous adresse, fils des mères encore vivantes, sont les seules condoléances qu'à moi-même je puisse m'offrir. Pendant qu'il est temps, fils, pendant qu'elle est encore là. Hâtez-vous, car bientôt l'immobilité sera sur sa face imperceptiblement souriante virginalement
Auteur:
Cohen Albert
Années: 1895 - 1981
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Suisse
Info:
Le Livre de ma mère
[
deuil
]
[
regret
]
femmes-hommes
… oh j'aime pas les hommes ne ne et puis quelle drôle d'idée quelle imbécillité de vouloir introduire ce cette ce cette chose chez quelqu'un d'autre chez quelqu'un qui n'en veut pas à qui ça fait mal c'est du joli les voluptés des romanciers est-ce qu'il y a vraiment des idiotes qui aiment cette horreur oh affreux son ahah canin sur moi comment est-ce que ça peut le captiver tellement et en même temps envie de rire quand il bouge sur moi tellement rouge affairé si occupé soucieux les sourcils froncés puis ce haha canin si intéressé est-ce que c'est si palpitant ce va-et-vient c'est c'est comique et puis ça manque de dignité oh il me fait mal cet imbécile et en même temps pitié de lui pauvre studieux qui bouge tellement là-dessus qui se donne tellement de peine et qui ne se doute pas que je le regarde que je le juge je ne veux pas l'humilier en moi-même mais je ne peux pas m'empêcher chaque fois de dire Didi Didi pour battre la mesure pour scander son va-et-vient...
Auteur:
Cohen Albert
Années: 1895 - 1981
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Suisse
Info:
Belle du Seigneur
[
rapport sexuel
]
attitude
Vois-tu, la chose importante est celle-ci : tout est simple pour qui possède le bon coeur, la noblesse des manières et la gaieté de résignation. [...] Le devoir est un grand passeport. Sol, regarde le ciel, mon chéri. Qui pourrait être plus arrogant qu'une étoile ? Et pourtant, regarde longtemps les étoiles et tu verras comme elles font honnêtement leur devoir. Aucune ne gêne l'autre, toutes s'aiment, chacune a sa place auprès de son père un soleil, et elles ne se jettent pas toutes au même endroit pour profiter, pour réussir. Mais non, tranquilles, dociles à la Loi, à la Loi Morale, à la Loi du Coeur, elles ont la gaieté de résignation. Et puis pense que tu es mortel et que tu seras poussière. C'est un bon moyen pour augmenter la gaieté de résignation. Tu comprends, on ne souffre que par orgueil et l'homme orgueilleux seul croit qu'il vivra toujours. Moi je me dis que je dois passer cette vie en homme assez bon et pur afin que je puisse goûter le bon sourire d'heure de mort. Et ce bon sourire d'heure de mort a une telle puissance, ô mon fils, qu'il s'étend sur toute notre vie du commencement à la fin et qui le connaît, avant même qu'il ne meure, connaît le royaume du Saint. Et lorsque les hommes auront compris cette vérité, ils seront tous bons.
Auteur:
Cohen Albert
Années: 1895 - 1981
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Suisse
Info:
Solal, p.314 Folio no. 1269
femmes-par-homme
Jacques Chancel : Dans la vie normale, une femme doit-elle être inféodée à son homme ?
Albert Cohen : Bien sûr. (Rires) C’est une manière primitive, peut-être, de ma part, mais je trouve qu’en effet il doit y avoir des rapports de féodalité.
Jacques Chancel : Et l’émancipation de la femme, qu’en faites-vous ?
Albert Cohen : Je n’en fais rien, je ne m’y intéresse pas. Ça ne me regarde pas, je me contente de les regarder. Elles ont le sentiment de leur infériorité, alors, elles ont le complexe de supériorité, parce qu’elles sont inférieures.
Jacques Chancel : Il n’y a pas de grandes femmes écrivains ?
Albert Cohen : Qui ?
Jacques Chancel : Colette, non ?
Albert Cohen : Non, tout de même. Non, tout de même, c’est pas ça. C’est bien fait, il y a des choses très spirituelles, il y a les animaux, tout ça… Non, non et non !
Jacques Chancel : Marguerite Yourcenar.
Albert Cohen : Je n’ai rien lu, elle est trop laide. Rien de grand ne peut sortir de ce corps affreux.
Jacques Chancel : C’est terrible ce que vous dites.
Albert Cohen : Sûrement.
Jacques Chancel : Vous êtes méchant, vous êtes féroce. Mais vous n’avez rien lu d’elle. Donc, vous ne pouvez pas la juger…
Albert Cohen : Non, je n’ai rien lu d’elle, mais elle est trop grosse. Et puis elle aime les femmes, tout cela me déplaît beaucoup. Comment est-ce possible que cette femme si laide, si grasse puisse écrire ?
Jacques Chancel : Mais vous êtes un véritable macho !
Albert Cohen : Je ne suis pas un macho, mais je suis, malgré tout, un Oriental. Vraiment, y a-t-il eu une femme de génie ?
Auteur:
Cohen Albert
Années: 1895 - 1981
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Suisse
Info:
Radioscopie. Printemps 1978
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phallocrate
]