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lutte des classes

Ordre opprimé, à l’origine tributaire de la noblesse féodale régnante, recruté parmi les corvéables et des serfs de toutes catégories, c’est dans une lutte sans répit avec la noblesse que la bourgeoisie a conquis un poste de pouvoir après l’autre et, finalement, a pris possession du pouvoir à sa place dans les pays les plus évolués ; en France, en renversant directement la noblesse ; en Angleterre, en l’embourgeoisant de plus en plus et en se l’incorporant pour en faire son couronnement décoratif. Et comment y est-elle parvenue ? Simplement par une transformation de l’ "état économique", que suivit tôt ou tard, de bon gré ou par la lutte, une transformation des situations politiques. La lutte de la bourgeoisie contre la noblesse féodale est la lutte de la ville contre la campagne, de l’industrie contre la propriété foncière, de l’économie monétaire contre l’économie naturelle, et les armes décisives des bourgeois dans cette lutte furent leurs moyens de puissance économiques accrus sans arrêt par le développement de l’industrie, d’abord artisanale, puis progressant jusqu’à la manufacture, et par l’extension du commerce.

Auteur: Engels Friedrich

Info: Dans "La violence dans l'histoire", éd. Le temps des cerises, Montreuil, 2020, pages 125-126

[ historique ]

 

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révolte

Le peuple n’est point comme en Février sur les barricades chantant Mourir pour la patrie – les ouvriers du 23 juin luttent pour leur existence, la patrie a perdu pour eux toute signification. La Marseillaise et tous les souvenirs de la grande Révolution ont disparu. Peuple et bourgeois pressentent que la révolution dans laquelle ils entrent est plus grande que 1789 et 1793.

La révolution de Juin est la révolution du désespoir et c’est avec la colère muette, avec le sang-froid sinistre du désespoir qu’on combat pour elle ; les ouvriers savent qu’ils mènent une lutte à la vie et à la mort, et devant la gravité terrible de cette lutte le vif-esprit français lui-même se tait.

L’histoire ne nous offre que deux moments ayant quelque ressemblance avec la lutte qui continue probablement encore en ce moment à Paris : la guerre des esclaves de Rome et l’insurrection lyonnaise de 1834. L’ancienne devise lyonnaise, elle aussi : "Vivre en travaillant ou mourir en combattant", a de nouveau surgi, soudain, au bout de quatorze ans, inscrite sur les drapeaux.

Auteur: Engels Friedrich

Info: "Les journées de Juin 1848", dans "La violence dans l'histoire", éd. Le temps des cerises, Montreuil, 2020, page 57

[ radicalisme ]

 

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forme des sociétés

En général, la propriété privée n’apparaît en aucune façon dans l’histoire comme résultat du vol et de la violence. Au contraire. Elle existe déjà, limitée toutefois à certains objets, dans l’antique communauté naturelle de tous les peuples civilisés. A l’intérieur même de cette communauté, elle évolue d’abord dans l’échange de marchandise. Plus les produits de la communauté prennent forme de marchandise, c’est-à-dire moins il est produit pour l’usage propre du producteur et plus ils sont produits dans un but d’échange, plus l’échange, même à l’intérieur de la communauté, supplante la division naturelle primitive du travail, plus l’état de fortune des divers membres de la communauté de la propriété foncière est profondément de la communauté devient inégal, plus la vieille communauté de la propriété foncière est profondément minée, plus la communauté s’achemine rapidement à sa dissolution en un village de paysans parcellaires. […] Partout où la propriété privée se constitue, c’est la conséquence de rapports de production et d’échanges modifiés, et cela sert l’accroissement de la production et le développement du commerce – cela a donc des causes économiques. La violence ne joue en cela aucun rôle.

Auteur: Engels Friedrich

Info: Dans "La violence dans l'histoire", éd. Le temps des cerises, Montreuil, 2020, pages 122-123

[ historique ] [ évolution ] [ moteur ]

 

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anarchistes

Mais les antiautoritaires demandent que l’État politique autoritaire soit aboli d’un coup, avant même qu’on ait détruit les conditions sociales qui l’ont fait naître. Ils demandent que le premier acte de la révolution sociale soit l’abolition de l’autorité. Ont-ils jamais vu une révolution, ces messieurs ? Une révolution est certainement la chose la plus autoritaire qui soit ; c’est l’acte par lequel une partie de la population impose sa volonté à l’autre au moyen de fusils, de baïonnettes et de canons, moyens autoritaires s’il en est ; et le parti victorieux, s’il ne veut pas avoir combattu en vain, doit maintenir son pouvoir par la peur que ses armes inspirent aux réactionnaires. La commune de Paris aurait-elle duré un seul jour, si elle ne s’était pas servie de cette autorité du peuple armé face aux bourgeois ? Ne peut-on, au contraire, lui reprocher de ne pas s’en être servie assez largement ? Donc, de deux choses l’une : ou les antiautoritaires ne savent pas ce qu’ils disent, et, dans ce cas, ils ne sèment que la confusion ; ou bien, ils le savent et, dans ce cas, ils trahissent le mouvement du prolétariat. Dans un cas comme dans l’autre, ils servent la réaction.

Auteur: Engels Friedrich

Info: De l’autorité, article paru dans l’Almanacco republicana de décembre 1873

[ définie ] [ contradiction ]

 

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prise de pouvoir

Il y a maintenant presque exactement mille six cents ans que dans l’Empire romain sévissait également un dangereux parti révolutionnaire. Il sapait la religion et tous les fondements de l’Etat. Il niait carrément que la volonté de l’empereur fût la loi suprême, il était sans patrie, international, il s’étendait sur tout l’Empire depuis la Gaule jusqu’à l’Asie, débordait les limites de l’Empire. Il avait fait longtemps un travail de sape souterrain, secret. Mais depuis assez longtemps déjà il se croyait assez fort pour paraître au grand jour. Ce parti révolutionnaire qui était connu sous le nom de chrétien avait aussi sa forte représentation dans l’armée ; des légions tout entières étaient chrétiennes. Lorsqu’ils recevaient l’ordre d’aller aux sacrifices solennels de l’Eglise païenne nationale pour y rendre les honneurs, les soldats révolutionnaires poussaient l’insolence jusqu’à accrocher à leur casque des insignes particuliers – des croix – en signe de protestation. […] L’empereur Dioclétien ne put conserver plus longtemps son calme en voyant comment on sapait l’ordre, l’obéissance et la discipline dans son armée. Il intervint énergiquement, car il en était encore temps. Il promulgua une loi contre les chrétiens. Les réunions des révolutionnaires furent interdites, leurs locaux fermés ou même démolis, les insignes chrétiens, croix, etc., furent interdits, comme en Saxe les mouchoirs rouges. Les chrétiens furent déclarés incapables d’occuper des postes publics, on ne leur laissait même pas le droit de passer caporaux. […] on interdit purement et simplement aux chrétiens de demander justice devant les tribunaux. Cette loi d’exception resta elle aussi sans effet. Par dérision, les chrétiens l’arrachèrent des murs ; bien mieux, on dit qu’à Nicomédie, ils incendièrent le palais au-dessus de la tête de l’empereur. Alors, celui-ci se vengea par la grande persécution des chrétiens de l’année 303 de notre ère. Ce fut la dernière de ce genre. Et elle fut si efficace que dix-sept années plus tard, l’armée était composée en majeure partie de chrétiens et que le nouvel autocrate de l’Empire romain qui succéda à Dioclétien, Constantin, appelé par les curés le Grand, proclamait le christianisme religion d’Etat.

Auteur: Engels Friedrich

Info: "Introduction à La lutte des classes en France", 1895, dans "Le rôle de la violence dans l'histoire", éd. Le temps des cerises, Montreuil, 2020, pages 231-233

[ exemple historique ] [ vainqueurs ] [ communisme ]

 

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