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addiction
Enfin, pendant un été où il n'avait pu se baigner, ni demeurer longtemps au grand air, il avait vu en pleine lumière les caractères véritables de la vie des drogués : elle est rangée, casanière, pantouflarde. Une petite existence de rentiers qui, les rideaux tirés, fuient aventures et difficultés. Un train-train de vieilles filles, unies dans une commune dévotion, chastes, aigres, papoteuses, et qui se détournent avec scandale quand on dit du mal de leur religion.
Auteur:
Drieu La Rochelle Pierre
Années: 1893 - 1945
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Le feu follet, éditions Gallimard, 2015, page 47
[
monotonie
]
[
pauvreté
]
[
attachement
]
[
came
]
[
sacralisée
]
[
médiocrité
]
hommes-femmes
On a tout ce qu’on veut, mais aussi on n’a rien que si on le veut. Je ne peux pas vouloir, je ne peux pas même désirer. Par exemple, toutes les femmes qui sont ici, je ne peux pas les désirer, elles me font peur, peur. J’ai aussi peur devant les femmes qu’au front pendant la guerre. Par exemple, Solange, si je restais seul cinq minutes avec elle, eh bien, je me ferais rat, je disparaîtrais dans le mur.
Auteur:
Drieu La Rochelle Pierre
Années: 1893 - 1945
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Le feu follet, éditions Gallimard, 2015, page 150
[
arrêt
]
[
impossible
]
[
effrayantes
]
[
défilement
]
femme-par-homme
Mais la ligne un peu fléchissante d’un sein, un peu redoublée d’une hanche, si elle ne s’est point trop écartée des points où elle assurait hier son triomphe, semble, par un tremblement hallucinant, y repasser dans les moments magnétiques où une femme qui a toujours plu se redresse pour plaire encore. Ainsi, la beauté devient émouvante ayant perdu la froideur du premier coup de ciseau presque idéal, et chez celui qui la regarde et la possède la dure admiration se transforme en une tendresse magnifiquement mélancolique, car non seulement il voit ce qu’elle est devenue, mais ce qu’elle était.
Auteur:
Drieu La Rochelle Pierre
Années: 1893 - 1945
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dans "Gilles"
[
vieillissement
]
[
profondeur
]
[
trouble
]
cambrousse
C’était l’hiver. Il y était allé en voiture. Qui ne connaît pas la campagne l’hiver ne connaît pas la campagne, et ne connaît pas la vie. Traversant les vastes étendues dépouillées, les villages tapis, l’homme des villes est brusquement mis en face de l’austère réalité contre laquelle les villes sont construites et fermées. Le dur revers des saisons lui est révélé, le moment sombre et pénible des métamorphoses, la condition funèbre des renaissances. Alors, il voit que la vie se nourrit de la mort, que la jeunesse sort de la méditation la plus froide et la plus désespérée et que la beauté est le produit de la claustration et de la patience.
Auteur:
Drieu La Rochelle Pierre
Années: 1893 - 1945
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Gilles, éditions Gallimard, 1939
[
saison froide
]
[
cycle du vivant
]
femme-par-homme
À ce moment, Alain regardait Lydia avec acharnement. Mais il la scrutait ainsi depuis qu’elle était arrivée à Paris, trois jours plus tôt. Qu’attendait-il ? Un soudain éclaircissement sur elle ou sur lui.
Lydia le regardait aussi, avec des yeux dilatés, mais non pas intenses. Et bientôt elle détourna la tête, et, ses paupières s’abaissant, elle s’absorba. Dans quoi ? Dans elle-même ? Était-ce elle, cette colère grondante et satisfaite qui gonflait son cou et son ventre ? Ce n’était que l’humeur d’un instant. C’était déjà fini.
Ce qui fit qu’il cessa aussi de la regarder. Pour lui, la sensation avait glissé, une fois de plus insaisissable, comme une couleuvre entre deux cailloux.
Auteur:
Drieu La Rochelle Pierre
Années: 1893 - 1945
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Le feu follet, éditions Gallimard, 2015, page 9
[
homme-femme
]
[
silence
]
[
observation
]
[
questions
]
[
mystère
]
tourisme
J'aime le voyage, mais je ne perds pas la tête à la seule apparition de ce mot, un de ces mots qui, sur l'affiche ou l'écran, font frétiller avec excès nos contemporains.
Ils croient voyager encore, mais ils ne font que se déplacer. Autrefois, le voyage était une expérience, une épreuve, au temps de Montaigne ou même de Goethe. Pour voir quelque chose, il fallait mâcher le temps et l'espace, endurer la fatigue et même risquer le danger. Et quand on changeait d'horizon, on changeait d'univers. Après une randonnée à travers l'Europe, on était un homme mieux trempé.
Aujourd'hui, c'est plutôt le contraire, le voyage n'est que mollesse, facilité. Je me méfie d'un homme qui se targue de ses voyages ; c'est sans doute un niais.
Auteur:
Drieu La Rochelle Pierre
Années: 1893 - 1945
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
[
mise à disposition du monde
]
[
surestimé
]
[
vacherie
]
décès
Terrible insuffisance de nos cœurs et de nos esprits devant le cri, la prière qu’était la tienne. Je te voyais jeté à la rue avec la valise vide et qu’est-ce que je t’offrais pour la remplir ? Je te reprochais de ne rien trouver dans le monde si riche, si plein pour te faire un viatique. Mais je ne te donnai rien. Car enfin peut-être ceux qui ne trouvent rien et qui restent là, ne sachant quoi faire, il faut avouer qu’ils demandent, et il n’y a qu’une chose à faire c’est de leur donner.
J’ai pleuré quand une femme au téléphone a dit : "Je vous téléphone pour vous dire que Gonzague est mort." Hypocrisie infecte de ces larmes. Toujours la lâcheté de l’aumône. On donne deux sous et on se sauve. Et demain matin avec quelle facilité je me lèverai à cinq heures pour aller à ton enterrement. Je suis toujours si gentil aux enterrements.
Auteur:
Drieu La Rochelle Pierre
Années: 1893 - 1945
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Adieu à Gonzague, éditions Gallimard, 2015, pages 176-177
[
ami suicidé
]
[
indifférence
]
[
manque de compassion
]
[
regret
]
écrire
Il prit son stylo, hésita, s’enhardit, toucha le papier, le marqua. Minute émouvante : Alain se rapprochait de la vie. On lui avait appris dans certains milieux littéraires qu’il avait traversés autrefois, à mépriser la littérature. Il avait trouvé dans cette attitude une ligne de moindre résistance qui convenait à sa frivolité, à sa paresse. Et d’ailleurs, ne vivant pas, il ne pouvait imaginer qu’il y eût autre chose que ce qu’il appelait avec un mépris justifié la littérature et qui était justement cet exercice sans but auquel s’adonnent ceux-là qui lui en avaient enseigné le mépris. Il n’avait aucune idée d’une recherche plus profonde, nécessaire, où l’homme a besoin de l’art pour fixer ses traits, ses directions. Et voilà que sans le vouloir, ni le savoir, par un sursaut de l’instinct, il entrait dans le chemin au bout duquel il pouvait rejoindre les graves mystères dont il s’était toujours écarté. Puisqu’il en éprouvait le bienfait imprévu, il aurait pu concevoir dès lors la fonction de l’écriture qui est d’ordonner le monde pour lui permettre de vivre. Pour la première fois de sa vie, il mettait un semblant d’ordre dans ses sentiments et aussitôt il respirait un peu, il cessait d’étouffer sous ces sentiments qui étaient simples, mais qui s’étaient embrouillés, qui s’étaient noués, faute d’être dessinés.
Auteur:
Drieu La Rochelle Pierre
Années: 1893 - 1945
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Le feu follet, éditions Gallimard, 2015, pages 68-69
[
dénouer
]
[
symbolisation
]
[
éclaircissement
]
portrait
Alain avait eu, à dix-huit ans, une figure régulière où il y avait de la beauté. Cette beauté lui avait paru une promesse dont il s’était enivré. Il se rappelait le tressaillement des femmes quand alors il entrait quelque part. Il y avait surtout dans la large structure de son visage quelque chose d’infrangible qu’il regardait avec fierté, le matin, après une nuit d’orgie. Il en avait tiré longtemps un sentiment d’impunité. Mais aujourd’hui… Bien sûr, il y avait toujours la base solide des os, mais cela même semblait atteint, comme une carcasse d’acier gondolée, tordue par l’incendie. La belle arête de son nez s’était arquée ; pincée entre deux évidements, elle semblait prête à se rompre. La ligne autrefois décidée de son menton, qui marquait un si sûr défi, ne parvenait plus à s’imposer ; elle tremblait, s’enlisait. Ses orbites non plus n’étaient plus des places nettes entres des tempes et des pommettes dures. Quelque chose de malsain était répandu dans tous ses tissus et les rendait grossiers, même la chair de ses yeux. Mais cette graisse jaune, qu’avait fait affleurer le travail difficile de la désintoxication, c’était encore trop de vie, trop d’être : le moindre rictus, la moindre grimace faisait reparaître ces terribles creusements, ces terribles décharnements qui avaient commencé, un an ou deux auparavant, de sculpter un masque funéraire à même sa substance de vivant. Il devinait, prêtes à reparaître, ces grisailles, ces ombres qui l’avaient rongé si profondément jusqu’au mois de juillet précédent.
Auteur:
Drieu La Rochelle Pierre
Années: 1893 - 1945
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Le feu follet, éditions Gallimard, 2015, pages 58-59
[
homme vieillissant
]
[
flou
]
médecin-patient
Au vrai, ce qui, sous prétexte de bonté, incitait le docteur à glisser des conseils à Alain, c’était la peur. Il évitait avec soin de se charger de véritables mélancolies et s’en tenait à des fatigues paisibles et cossues ; aussi il n’avait accepté la charge d’un toxicomane comme Alain, qu’à cause de la recommandation éblouissante d’une dame fort riche.
D’ailleurs, Alain lui-même en avait aussitôt imposé au collectionneur qui avait vu en lui un dandy spleenétique de la parenté de messieurs Chateaubriand et de Constant, en même temps qu’un exemplaire à voir enfin de près de cette mystérieuse jeunesse contemporaine. Alain ne lui en faisait pas moins peur pour cela, bien au contraire ; il tremblait qu’Alain lui portât soudain il ne savait quel coup. Il roulait sans cesse autour de lui ses gros yeux fascinés. Il sentait dans ce garçon, pour le moment poli et gentil, toutes les forces dangereuses qui rôdent à travers la vie et la société, et dont il se tenait à distance dans cet asile fait d’abord pour lui-même — où, par malheur, il s’était enfermé avec les frénésies de sa femme. Alain était presque toujours affable avec lui ; le docteur lui en savait gré ; mais il n’en était pas rassuré et craignait toujours de voir apparaître un éclair de gouaillerie et de cruauté sous ces paupières volontairement appesanties. Il avait le vague sentiment qu’Alain aurait pu lui dire quelque chose qui l’aurait humilié pour longtemps.
Auteur:
Drieu La Rochelle Pierre
Années: 1893 - 1945
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Le feu follet, éditions Gallimard, 2015, pages 41-42
[
rapports de forces
]
[
crainte
]
[
méfiance
]