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réminiscence

- Quelle espèce de relation entretenez-vous avec vos livres ?
- Ils sont comme ces maisons, ces lieux que j'ai habités et où je ne vis plus. J'y ai laissé quelque chose de moi, mais c'est à la fois une empreinte forte et fugitive. Comme je ne les relis pas, je les oublie. Ils sont présents, mais invisibles.

Auteur: Djian Philippe

Info: Entre nous soit dit

[ écriture ]

 

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femmes-par-hommes

Plus tard, je me suis tourné tout doucement, il y avait toujours de la musique et j'ai fait semblant de dormir, j'ai ouvert à peine les yeux et je l'ai regardée, elle dansait juste pour elle, seulement pour le plaisir et elle semblait touchée par la grâce. C'était quelque chose de formidable à voir. Toutes les merdes qui vous arrivent dans la vie sont balayées par ça.

Auteur: Djian Philippe

Info: Zone érogène

[ émerveillement ]

 

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littérature

J'ai vécu ces dix années dans une sorte d'ivresse permanente. J'étais au milieu d'une tempête. Des océans s'abattaient sur moi et je pensais à reprendre ma respiration. Le hasard voulut que ce ne fût pas Cervantès mais Salinger, Kerouac ou Carver, au plus fort de la tourmente. Il y a cette période de la vie où l'on est fécondé. Cette période que l'on ne maîtrise pas, du moins pour ce qui concerne sa mise en activité. Et le monde s'engouffre à l'intérieur de vous sans ménagement. Quelque chose s'ouvre, puis se referme. Quant à moi, pour la plupart, ils étaient américains. À part Céline, Cendrars et Lao-tseu.

Auteur: Djian Philippe

Info: Ardoise

[ éducation ]

 

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poésie

Je pouvais écrire des romans et des paquets de nouvelles, mais j'étais incapable d'aligner un seul poème valable, c'était un terrain que je sentais pas très bien. J'éprouvais une admiration sans bornes pour ces types qui trouvaient le moyen de vous descendre en quelques phrases, qui vous coupaient la respiration, l'ennui c'est qu'ils étaient tous à moitié cinglés. Une des questions que je me posais était de savoir si la poésie rendait fou ou si c'était l'inverse qui se produisait. Enfin ce que je voyais, c'était qu'un écrivain pouvait encore préparer le repas du soir, tandis qu'un poète, c'était tout juste bon à glisser les pieds sous la table.

Auteur: Djian Philippe

Info: Maudit manège, J'ai lu, 2000

[ écriture ]

 

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nature

La rivière était haute et nerveuse. Les berges sifflaient et de petits tourbillons glougloutaient éperdument à la surface avant d'être balayés et ramenés dans les rangs. Je sentais la terre trembler sous mes pieds, je sentais l'euphorie du courant et j'en étais tout réjoui et comme paralysé d'émotion. J'aimais cette rivière. Je sentais mon coeur battre chaque fois que je l'approchais. Je comptais parmi les plus belles choses de ma vie le simple fait de m'asseoir à ses côtés, la regarder, l'écouter, sous le soleil, sous la pluie, qu'elle fût calme ou exaspérée, limpide ou noire comme de l'encre, je connaissais ses humeurs, ses chants, ses sortilèges, elle me parlait, me réconfortait ou me plongeait dans de sombres états d'âme, elle dansait comme un ange ou se dandinait comme une infâme putain, j'avais passé des heures et des heures avec elle, les yeux fixés dans ses reflets, alanguis ou rougis de larmes ou fiévreusement écarquillés lorsque le jour tombait et qu'un dernier rayon déclenchait la plus étonnante et hiératique symphonie que je pouvais imaginer, certainement oui j'éprouvais à son égard un amour véritable.

Auteur: Djian Philippe

Info: Crocodiles

[ contemplation ] [ eau ]

 

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