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adultère

Notre plus proche voisin était le vieux Dobrobabine, un grand gaillard à la barbe blanche, chevalier de quatre croix de Saint-Georges et de trois ordres de la Gloire. C’était un charpentier et un menuisier remarquable, et un coureur de jupons. On racontait qu’un jour il avait enfermé un de ses clients dans le cercueil qu’il avait commandé pour qu’il "s’y fasse", et pendant que l’autre "s’y faisait", il s’était tellement bien occupé de sa femme qu’elle lui avait commandé un autre cercueil –pour son mari suivant.

Auteur: Bujda Ûrij Bouïda

Info: Voleur, espion et assassin

[ humour ]

 

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sagesse

Peu avant sa mort, en réponse à mes péroraisons sur "notre pays sans liberté", elle* m’a dit : "La liberté, c’est toi. Seulement, n’oublie jamais que la prison aussi, c’est toi." Elle n’aimait pas non plus quand on qualifiait quelqu’un de "conscience du peuple". "La conscience, c’est Dieu à l’intérieur de l’homme. Un peuple, ça n’a pas de conscience, seul un homme a une conscience. C’est par cela que l’homme se distingue de la bête –par la conscience. Mais la conscience du peuple, ça, ça a été inventé par des gens sans conscience."

Auteur: Bujda Ûrij Bouïda

Info: Voleur, espion et assassin. *La grand-mère de l’auteur.

[ scrupules ] [ honnêteté ] [ morale ] [ empathie ]

 

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barbier

...mon père a entrepris de se raser. Le dimanche, il allait chez le barbier Liovka, un Juif ventripotent qui rasait ses clients selon une vieille coutume : pour dix kopecks avec le doigt, et pour quinze avec un cornichon. Autrement dit, il glissait un doigt dans la bouche de son client pour lui gonfler la joue afin de le raser à la perfection, et si le client était prêt à ouvrir son porte-monnaie, il se servait d'un cornichon au lieu de son doigt. Mon père, lui, se faisait raser avec un cornichon. En semaine, il se rasait lui-même, bien entendu.

Auteur: Bujda Ûrij Bouïda

Info: Voleur, espion et assassin

[ coiffeur ]

 

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prostitution

Ils jouaient. Ils fumaient. Ils gueulaient. Après minuit, ils allaient se coucher dans les baraquements, ou bien ils faisaient la queue pour les trois ou quatre femmes qui ouvraient leurs bras aux arrivants, de sacrées gonzesses, de vraies garces, vous pouvez me croire. Des hommes avec une barbe de trois jours, éreintés, qui concassaient tout ce qu'on leur donnait entre leurs mâchoires puissantes, et étreignaient avec la même énergie sauvage et indifférente leurs putains-du-rail, ces femmes qui sentaient l'oxyde de carbone, avec leurs mamelles de fonte, un rivet à la place du nombril, et une douille en acier à l'endroit crucial.

Auteur: Bujda Ûrij Bouïda

Info: Le train zéro

[ bordel ]

 

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lecture

Dans la salle il y a les sempiternelles petites vieilles penchées sur des encyclopédies médicales. Je passe derrière le comptoir et je me retrouve dans une forêt de livres. D’étroits passages entre les étagères, personne, le silence, une odeur de papier qui fait tourner la tête. Je suis pris de tremblements. Je sais déjà comment ça s’appelle : je suis sous l’empire de la convoitise. Je choisis vingt à trente livres, je les empile sur le rebord de la fenêtre, je les trie, j’en mets de côté, j’en prends huit avec moi.... Chaque semaine, je prenais à la bibliothèque tellement de livres que c’était à peine si j’arrivais à les rapporter à la maison. J’avais envie de tout lire, tout, même les Essais sur l’univers de Vorontsov-Veliaminov, nom de nom.

Auteur: Bujda Ûrij Bouïda

Info: Voleur, espion et assassin

[ appétence ] [ avidité ]

 

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mythification

D'autres disaient qu'elle avait réussi a obtenir une audience de Staline en personne, et que c’était lui qui avait donne l'ordre de lui rendre son mari. Mais pas pour rien - pour une nuit d'amour. Ida n'avait pas eu le choix, elle avait accepté. On l'avait amenée au Kremlin, on l'avait lavée des pieds à la tête avec une eau spéciale du Kremlin, on l'avait décorée avec des fleurs du Kremlin, et elle avait été servie à Staline sur un énorme plat en or porté par douze gardes du Kremlin de deux mètres de haut. On l'avait transportée dans une chambre a coucher incommensurable du Kremlin, et là, au son des fanfares, tous les courtisans s’étaient prosternés et le Guide était entré dans la pièce. On avait d'abord apporté sur un chariot en or le membre de Staline, couronné de roses et de sarments de vigne. De ravissantes infirmières marchaient de part et d'autre du chariot en portant avec précaution les testicules de Staline. Puis Staline lui-même était apparu, la tête dans les nuages, le ventre rond comme un samovar, chaussé de bottes fabriquées avec la peau d'Hitler. Et la, de nouveau, les fanfares avaient retenti, des coups de canon avaient été tirés, des feux d'artifice avaient explosé, des orchestres s’étaient mis a jouer, et les robustes gardes, tenant en équilibre le membre de Staline, étaient montés à l'assaut, les belles infirmières qui portaient les testicules de Staline avaient du mal à les suivre, quant à Staline lui-même, il fumait sa fameuse pipe d'un air songeur...

Auteur: Bujda Ûrij Bouïda

Info: La mouette au sang bleu

[ légende ] [ petit père des peuples ] [ URSS ] [ humour ]

 

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Ajouté à la BD par miguel