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posthume

L’autre jour, je me suis mis à réfléchir à un monde débarrassé de ma présence. A l’évidence, il continuerait de tourner. Sans moi. Tout à fait irréel. J’ai pensé à la benne à ordures, elle passerait, mais ce ne serait plus moi qui descendrait les poubelles. Ou encore au journal qu’on jetterait sur le perron sans que je sois là pour ouvrir la porte et le récupérer. Insupportable. Qui pis est, à peine serais-je mort qu’on commencerait à faire grand cas de mes livres. Tous ceux qui me craignaient ou me haïssaient de mon vivant me couvriraient soudain de fleurs. On me citerait à tout propos. Clubs et associations réhabiliteraient ma mémoire. De quoi se retourner dans sa tombe.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Le capitaine est parti déjeuner et les marins se sont emparés du bateau", trad. Gérard Guégan, pages 164-165

[ imagination ] [ jours inconnus ]

 

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vieillir

[...] mais je

dois vous dire que j’ai maintenant 70 piges et c’est

une surprise pour moi aussi mais si je continuais à écrire sur

l’art de reluquer le cul des femmes je n’aurais plus le temps

d’écrire sur la manière dont mon chat traverse la pièce avec l’air

de porter les secrets de l’Eternité à mon attention, je veux dire,

c’est simple, on peut creuser un sillon jusqu’à la mort, la plupart le font quand

ils découvrent que ça fait vendre des livres mais je n’écris pas pour vendre

des livres j’écris pour éviter que ma Psyché se noie

dans les eaux farcies d’excréments de cette soi-disant Existence.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Tempête pour les morts et les vivants", au diable vauvert, trad. Romain Monnery, 2019, " un lecteur m'a écrit"

[ écriture ] [ thèmes de prédilection ] [ liberté ] [ thérapie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

alcoolisme

Thomas a picolé jusqu’à en mourir pour les mêmes raisons qui font que je bois aussi : il adorait la bouteille, ça l’a amené à son plein développement spirituel, ce que nous devrions tous faire si la majorité des gens n’était pas aussi stupide et ne remettait pas sa foi dans l’achat de nouvelles voitures, de maisons et toute cette camelote ! j’ai failli mourir pas mal de fois à cause de l’alcool, je suis même passé tout près une fois, c’était sympa et je n’en avais rien à foutre. Ils m’ont remis sur pied et m’ont foutu à la porte pour remettre ça. Qu’ils aillent se faire voir ailleurs ! Je suis prêt à mourir. Je suis prêt à rencontrer la Faucheuse. 

Auteur: Bukowski Charles

Info: Lettre à Tom McNamara, 25 octobre 1965

[ philosophie de vie ] [ valorisation ]

 

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conversation

La fille de Mama, une belle fille, avait épousé un gros Italien. Tous deux se déclarèrent communistes. Lui travaillait de nuit pour une boîte branchée tandis qu’elle passait ses journées et ses nuits à lire et à masser ses jolies jambes. Ils me servirent du vin italien. Je le bus sans comprendre un traître mot de leur baratin. Je me sentis vite largué. Le communisme ne m’inspirait pas plus que la démocratie. Le temps passant, j’en arrivai à penser que j’étais un parfait imbécile. Ne le comprenaient-ils pas ? Pourquoi ne me parlaient-ils pas de ce vin ? C’était quoi, ce discours ? Ça ne m’intéressait pas. Ça n’éveillait rien en moi. Ne voyaient-ils pas que malgré mon apparence, je n’étais qu’un pas grand-chose ?

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Un carnet taché de vin", page 113

[ ennui ] [ indifférence ] [ auto-dénigrement ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

thérapie

Un individu ordinaire ne joue aux courses que parce qu’il ne supporte plus la chaîne de montage, le faciès hébété de son contremaître, la brutalité de son propriétaire, et la disparition du plaisir des sens ; que parce qu’il n’a plus le choix qu’entre le fisc, la dépression nerveuse et le cancer ; que parce qu’il en a ras le cul de ces vêtements qu’on ne peut porter que trois fois, et ras le cul aussi de boire de l’eau qui a un goût de pisse, de se faire soigner à la vitesse grand V par des médecins nullissimes qui l’expédient ensuite dans des hôpitaux-mouroirs ; bref, l’homme ordinaire ne joue aux courses que parce que les politiciens puent de la gueule…

Auteur: Bukowski Charles

Info: Journal d'un vieux dégueulasse

[ loterie ] [ espérance ] [ jeux d'argent ]

 

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vulgarité

[...] - Je t'invite dehors pour le petit-déjeuner, j'ai dit.
- D'accord, a répondu Mercedes. Au fait, on a baisé, hier soir ?
- Nom de Dieu ! Tu ne te souviens pas ? On a bien dû baiser pendant cinquante minutes !
Je ne parvenais pas à y croire. Mercedes ne semblait pas convaincue.
On est allé au coin de la rue. J'ai commandé des oeufs au bacon avec du café et des toasts. Mercedes a commandé une crêpe au jambon et du café.
La serveuse a apporté la commande. J'ai attaqué mes oeufs. Mercedes a versé du sirop sur sa crêpe.
- Tu as raison, elle a dit, on a dû baiser. Je sens ton sperme dégouliner le long de ma jambe.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Women

[ femmes-hommes ]

 

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homme au foyer

Et puis Betty s’est trouvée un boulot de dactylo, et quand une de ces nénettes se mettent à bosser, vous voyez tout de suite la différence. On continuait à picoler toutes les nuits et elle partait avant moi le matin, la gueule en plomb. Ça lui montrait un peu ce que c’était. Moi je me levais vers 10h30, prenais un petit café peinard, un ou deux œufs, jouais avec le chien, flirtais avec la jeune femme d’un mécanicien qui habitait par-derrière, me liais d’amitié avec une strip-teaseuse qui habitait par-devant. A une heure j’étais sur le champ de courses, ensuite retour avec mon bénéf et j’allais à l’arrêt de bus avec le chien pour prendre Betty et la ramener. C’était la belle vie.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Le Postier" page 61

[ journée type ]

 

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mode d'emploi

J’imagine la poésie comme un pain : un long et gros pain bien chaud coupé en deux dans toute sa longueur et garni de cornichons, d’oignons, de viande, d’ail, de piments rouges, de vieilles rognures d’ongles… ajoutez de la bière fraîche et une lampée de whisky, placez le tout sous une lumière électrique, oubliez les montagnes de tronches, les yeux les rides les bombes le loyer et les tombes, fourrez le tout là-dedans encore chaud, odorant, plein à craquer, allumez un cigare, remplissez toute la pièce de sa fumée, remplissez toute la pièce de sa fumée bleue, allumez la radio, et pensez aux os du pied gauche de Chopin : ça pour moi c’est de la poésie, ou c’est de la blague ou un mirage.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Lettre à Allen DeLoach, février 1967

[ composition littéraire ] [ définie ] [ écriture ] [ recette ]

 

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jalousie

tu avais son doigt dans sa chatte,

elle a dit.

non, j’ai répondu, ça touche juste

le bord.

eh bien, ça donne l’impression que tu avais ton

doigt dans sa chatte, elle

a dit.

non, j’ai répondu, il était à l’extérieur.



d’un coup elle a déchiré la photo

en mille morceaux.



o pour l’amour du ciel,

Annie, pourquoi t’as fait ça ?

s’est exclamé tout le monde dans la

pièce.

Annie a couru dans ma salle de bains et

claqué la porte.



quelqu’un a roulé un joint et on

l’a fait

circuler.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Tempête pour les morts et les vivants", au diable vauvert, trad. Romain Monnery, 2019, " doigt"

[ femmes-hommes ]

 
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classe moyenne

Partout ce n’étaient que des chambres minables, des nids à cafards, mais personne ne semblait mourir de faim. Ceux qui habitaient là avaient toujours l’air d’être en train de faire cuire des trucs dans de grandes marmites et de se réunir autour pour fumer, se curer les ongles, boire des boîtes de bière ou partager une grande bouteille bleue de vin blanc, s’engueuler ou rire, ou péter, roter, se gratter ou encore dormir devant la télé. Il n’y avait que peu de gens au monde qui avaient beaucoup d’argent, mais moins ils en avaient, mieux ils paraissaient vivre. Dormir, des draps propres, de quoi manger, de quoi boire et de la pommade contre les hémorroïdes, c’étaient leurs seuls besoins. Et ils laissaient toujours leur porte entrouverte.

Auteur: Bukowski Charles

Info: "Moins délicat que la sauterelle" dans "Je t'aime Albert", page 14

[ sans problèmes ] [ bonhomie ]

 

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