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isolement

À cette époque-là, j'écrivais à l'encre rouge et cela me faisait du bien ; le bleu me déprimait, il se confondait avec le noir, et du noir, j'en avais assez, assez. Je comprends maintenant pourquoi les populations ont toujours placé les enfers dans les antres souterrains. Dans le noir tout grandit, tout devient effrayant. Lorsque je contemplais à la faible lueur de ma torche électrique les ombres dessinées par les blocs de rochers, j'étais pris de vertige. La peur s'instaurait en moi.
J'étais bien seul dans ce gouffre, je n'avais à craindre aucune rencontre avec un être humain ou un quelconque animal, et pourtant une peur incontrôlable était là qui m'assaillait. C'était une sorte de présence "humaine", presque vivante. Car tout vivait dans ce gouffre, la glace et le roc. Oui, cette peur d'une présence m'envahissait bien souvent lorsque j'escaladais les énormes blocs de la moraine. Il est probable que cette crainte se confondait inconsciemment avec celle que m'inspirait les éboulements.

Auteur: Siffre Michel

Info: Hors du temps, p. 245

[ absolu ] [ effroi ] [ frousse ]

 

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teinte

Avec l’écorce ou la racine du noyer, les résultats sont meilleurs qu’avec des produits tirés d’autres arbres, et les tons obtenus sont presque noirs. Mais l’emploi de matières colorantes provenant du noyer se heurte à de nombreuses résistances. Au Moyen Âge, en effet, cet arbre passe pour maléfique. Là-dessus s’accordent le savoir botanique et les croyances populaires. Non seulement les racines du noyer sont toxiques et font périr toute la végétation alentour, mais elles entraînent la mort du bétail lorsqu’elles se rapprochent trop près des étables. Les hommes et les femmes eux-mêmes ont tout à craindre de cet arbre nuisible : s’endormir sous un noyer, c’est s’exposer à la fièvre et aux maux de tête ; c’est en outre risquer d’être visité par les esprits malins, voire par le Diable lui-même.

…  A la suite d’Isidore de Séville, plusieurs auteurs rapprochent le nom latin du noyer (nux) du verbe nuire (nocere) et expliquent ainsi pourquoi il faut s’en méfier.


Auteur: Pastoureau Michel

Info: (Sur la mauvaise réputation du noyer, J. Brosse, Les Arbres de France. Histoire et légende, Paris, 1987, p. 137-138 ; M. Pastoureau, Une histoire symbolique du Moyen Âge occidental, Paris, 2004, p. 96-97.)in "Noir : Histoire d'une couleur"

[ ébène ] [ jais ] [ végétal ] [ biais de confirmation étymologique ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

exploiter

Et il trouva juste avant de s’endormir : par un effort de volonté surhumain, pour sauver sa peau et sa santé mentale, il devait se convaincre qu’il avait besoin de son acouphène pour vivre. Sans lui sa vie était impensable. Il s’en ennuierait, s’il arrivait à disparaître. Ce sifflement de bouilloire qui l’accompagnerait partout lui était désormais indispensable, il l’aiderait à se concentrer, la perte de l'ouïe elle-même ferait écran contre les sons qui l’agressaient. Il devait apprendre à s’en servir pour se débarrasser des fâcheux et des indésirables.
Oui, c’était cela, avant la maudite patience, avant la pierre philosophale, avant le creuset et la transmutation du plomb en or, avant Nicolas Flamel, Simon devait se convaincre que son acouphène faisait maintenant partie intégrante de son être et que, même .. oui, il l’aimait.
Mais c’était peut-être ça, la patience après tout.
Simon se tourna sur le côté droit et, pour la première fois, fit face à son problème plutôt que de s’y laisser submerger.

Auteur: Tremblay Michel

Info: L'Homme qui entendait siffler une bouilloire

[ souffrance ] [ inversion ]

 

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France

Sur le plan scientifique et technique, le XX°s peut être placé au même niveau que le XIX°s. Sur le plan de la littérature et de la pensée, par contre, l'effondrement est presque incroyable, surtout depuis 1945, et le bilan consternant : quand on se remémore l'ignorance scientifique crasse d'un Sartre ou d'une Beauvoir, pourtant supposés s'inscrire dans le champ de la philosophie, quand on considère le fait presque incroyable que Malraux a pu - ne fût-ce que très brièvement - être considéré comme un "grand écrivain", on mesure le degré d'abrutissement auquel nous aura menés la notion d'engagement politique, et on s'étonne que l'on puisse, encore aujourd'hui, prendre un intellectuel au sérieux ; on s'étonne par exemple de ce qu'un Bourdieu ou un Baudrillard trouvent encore des journaux disposés à publier leurs niaiseries. De fait, je crois à peine exagéré d'affirmer que, sur le plan intellectuel, il ne resterait rien de la seconde moitié du siècle s'il n'y avait pas eu la littérature de science-fiction.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Interventions : Tome 2, Traces

[ bêtise ] [ conformisme ] [ Gaule ] [ vingtième siècle ] [ vacherie ]

 

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mobilisation sociale

Celle des Gilets jaunes est la plus originale, révélatrice des fractures sociales et politiques hexagonales. Apparue hors de toute structure préalable, elle tira sa force de cette spontanéité. Son rejet vigilant de toute récupération ou convergence a favorisé la cristallisation d’un "bloc populaire" apte à déjouer les clivages partisans pour affirmer les aspirations sociales, longtemps silencieuses, des "petits", du travail "dur", mal payé et aléatoire. L’inorganisation initiale est allée de pair avec la simultanéité des liens que facilitaient les réseaux sociaux, amplifiés par les médias, tandis que des solidarités élémentaires s’ébauchaient dans l’action. L’inexpérience bouscula les codes des protestations classiques. Expression d’une culture à cent lieues des procédures institutionnelles, mais porteuse de références républicaines à la justice et à la supériorité absolue de la "volonté populaire", la colère a transgressé les protections légales des puissants. Les Gilets jaunes peu soucieux d’informer les autorités de leurs intentions, refusèrent les relégations spatiales et investirent les parages des Champs-Elysées, haut lieu symbolique du pouvoir et de la richesse ostentatoire.

Auteur: Pigenet Michel

Info: Introduction à "La violence dans l'histoire", éd. Le temps des cerises, Montreuil, 2020, page 47

[ révolte ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

hypermarché

Je n’avais jamais, à mon âge, mis les pieds dans un centre Leclerc. Je fus ébloui. Jamais je n’aurais imaginé l’existence d’un magasin aussi richement achalandé, ce genre de choses était inconcevable à Paris. En outre, j’avais vécu mon enfance à Senlis, ville désuète, bourgeoise, anachronique même à certains égards – et mes parents s’étaient acharnés, jusqu’à leur mort, à soutenir par leurs achats l’existence d’un commerce de proximité. Quant à Méribel, n’en parlons pas, c’était un endroit artificiel, recréé, à l’écart des flux authentiques du commerce mondial, une pure pantalonnade touristique. Le centre Leclerc de Coutances, c’était autre chose, là on était vraiment dans la grande, la très grande distribution. Des produits alimentaires de tous les continents s’offraient au long de rayonnages interminables, et j’avais presque le vertige en songeant à la logistique mobilisée, aux immenses porte-conteneurs traversant les océans incertains.

Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l’humeur est vagabonde ;
C’est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu’ils viennent du bout du monde.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Dans "Sérotonine", pages 273-274

[ abondance ] [ profusion ] [ mondialisation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

perdants

Une armée clandestine, lorsqu'elle s'est battue pour une cause qui a triomphé, devient régulière et ses troupes sont portées en triomphe. Une armée qui s'est battue pour une cause perdue ne connaît que l'opprobre: "Tant il est vrai, dit le cardinal de Retz, que le bon ou le mauvais événement est la règle ordinaire des louanges ou du blâme que l'on donne aux actions extraordinaires." La Fronde a été vaincue. La Vendée aussi : il aura fallu près de deux siècles pour que le courage des Vendéens soit célébré.

Faudra-t-il attendre aussi longtemps pour que soit reconnue la valeur d'hommes qui se sont engagés dans des guerres modernes aux causes diverses, aujourd'hui dépassées. Si les temps et les motivations ne sont pas les mêmes, les hommes, eux, ne changent pas. Il y a toujours des courageux et des lâches, des vainqueurs et des vaincus. Franklin n'est pas un traître. Chateaubriand, La Rouërie ne sont pas non plus des traîtres. Ne peut-on rendre son honneur au courage malheureux ?

Auteur: Mohrt Michel

Info: Tombeau de La Rouërie

[ question ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

désillusion

Avant Valérie, en fait, je n’avais rencontré aucune fille qui arrive à la cheville des prostituées thaïes ; ou alors peut-être quand j’étais très jeune, avec des filles de seize ou dix-sept ans, j’avais pu ressentir quelque chose. Mais dans les milieux culturels que je fréquentais, c’était carrément la catastrophe. Ces filles ne s’intéressaient pas du tout au sexe, mais uniquement à la séduction – et encore il s’agissait d’une séduction élitiste, trash, décalée, pas du tout érotique en fait. Au lit, elles étaient tout bonnement incapables de quoi que ce soit. Ou alors il aurait fallu des fantasmes, tout un tas de scénarios fastidieux et kitsch dont la seule évocation suffisait à me dégoûter. Elles aimaient parler de sexe, c’est certain, c’était même leur seul sujet de conversation ; mais il n’y avait en elles aucune véritable innocence sensuelle. Les hommes, d’ailleurs, ne valaient guère mieux : c’est une tendance française, de toute façon, de parler de sexe à chaque occasion sans jamais rien faire ; mais ça commençait à me peser sérieusement.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Plateforme

[ femmes-par-homme ] [ libido ] [ théorie-pratique ]

 

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Ajouté à la BD par Bandini

démocrature

- L'erreur de Poutine n'est-elle de penser les démocraties faibles par nature ? 

- C'est un grand lecteur d'Ivan Ilyne, philosophe conservateur du début du XXe siècle qui a essayé de penser l'après-communisme. Poutine a encore dit en octobre dernier que c'était son auteur de chevet. Ilyne déploie une critique de ce qu'il appelle la démocratie formelle, fondée sur les règles de droit et qui présuppose une alternance rapide des représentants.  

Depuis les années 2000, Poutine est convaincu de la faiblesse de ce modèle. Il y a la volonté de le remplacer par un autre, que j'appelle "démocratie d'acclamation", un pouvoir fondé sur l'enthousiasme ressenti par le peuple face à la force, à la ténacité de son guide, réélu de manière systématique et qui porte un grand projet civilisationnel. Sauf que les règles de la démocratie ne sont plus respectées : une absence de débat contradictoire, des fraudes aux élections, la justice aux ordres et des partis d'opposition qui n'ont plus le droit d'exister.  

Auteur: Eltchaninoff Michel

Info: https://www.lexpress.fr/, interview de Clément Daniez le 3 avril 2022

[ russie ] [ bonapartisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

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C'est dans cette phase de la guerre, dans les combats incertains des jours suivant la bataille de la Marne, au milieu de ce bois de la Tranchée de Calonne où se trouvait le régiment de Maurice Genevoix, que fut tué l'auteur du Grand Meaulnes. Parmi les cris, les appels et les plaintes qu'il avait entendus venir de la forêt, il y avait eu la voix du lieutenant Henri-Alban Fournier, dit Alain-Fournier, homme des bords de Loire comme lui, son prédécesseur à la khâgne de Lakanal, à peine plus âgé et déjà connu dans le Paris littéraire. Au milieu de la forêt meusienne où disparaissait un écrivain français, un autre naissait. Maurice Genevoix était sans superstition, mais il croyait à une sorte d'équilibre supérieur dans les choses du monde. La guerre y faisait un trou aveugle, puis l'univers se reformait, comme la surface de la mer. Ce qu'elle avait enlevé à la littérature française sur les Côtes de la Meuse, la guerre le lui avait rendu au même endroit.

Auteur: Bernard Michel

Info: Pour Genevoix

[ ww1 ]

 

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Ajouté à la BD par miguel