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victimisation

Celui qui se ment à soi-même est le premier à se sentir offensé. Car il est très plaisant, parfois, de se sentir offensé, n'est-ce pas ? Vous savez que personne ne vous a offensé, que vous avez vous-même imaginé cette offense, que vous mentez pour embellir les choses, que vous exagérez en vous accrochant à quelques paroles, en faisant une montagne d'un grain de poivre. Vous savez tout cela vous-même, et néanmoins, vous vous offensez, jusqu'à en tirer une certaine satisfaction, jusqu'à en éprouver un grand plaisir et une haine réelle.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Les frères Karamazov, Tome 1, p 74

[ bénéfice secondaire ] [ auto-apitoiement ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

décadence

Depuis quelque temps, nous assistons à un mouvement absolument opposé à celui que je viens de décrire. Ce n’est plus l’ordure qui monte jusqu’à la couche supérieure de la société, ce sont au contraire des morceaux et des blocs qui se détachent, avec une hâte joyeuse, du type de la beauté pour ne faire qu’un même tas avec les hommes de désordre et de haine. Les cas ne sont pas isolés où les pères et les chefs des vieilles familles cultivées se moquent maintenant de choses auxquelles, peut-être, leurs enfants voudraient croire encore.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: "L'Adolescent", éditions Gallimard, 1998, traduit par par Pierre Pascal, page 612

[ nihilisme ] [ aristocratie ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

communication visuelle

Alors qu’il se tenait immobile dans la pièce, une sensation familière de malaise le submergea. Quelqu’un l’observait. Il leva les yeux vers Porphyre, qui le regardait calmement, sans rien dire. Ce regard, bien que apparemment neutre, était chargé d’une acuité étrange. Raskolnikov sentit son cœur s’accélérer. C’était comme si l’inspecteur lisait dans son âme. Plus ils se regardaient, plus il lui semblait que ses pensées les plus secrètes étaient dévoilées. Il détourna finalement les yeux, mais l’impression de ce regard ne l’abandonna pas. Quelque chose, il en était certain, était déjà découvert. 


Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Crime et Châtiment. Saint-Pétersbourg : 1866.

[ scopaesthésie ] [ parano ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

désespoir

Un homme qui se ment à lui-même et qui croit à ses propres mensonges devient incapable de reconnaître la vérité, que ce soit pour lui-même ou pour quelqu'un d'autre, il finit alors par perdre tout respect pour lui et pour les autres. Lorsqu'il n'y a plus de respect pour personne, il ne peut plus aimer et, pour se distraire, n'ayant pas d'amour en lui, il cède à ses pulsions, s'adonne aux formes les plus basses du plaisir et se comporte finalement comme un animal. Et tout cela vient du mensonge - du mensonge aux autres et à soi-même.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Les frères Karamazov

[ laisser-aller ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

autoévaluation

Je ferai aussi remarquer qu’il n’est pas, je crois bien, une seule langue européenne qui soit aussi difficile d’écrire que le russe. Je viens de relire ce que j’ai écrit à l’instant, et je vois que je suis beaucoup plus intelligent que ce qui est écrit là. Comment se fait-il donc que les choses énoncées par un homme intelligent soient infiniment plus sottes que ce qui reste dans son cerveau ? Je l’ai remarqué plus d’une fois chez moi et dans mes rapports oraux avec les autres hommes durant toute cette dernière année fatale, et j’en ai été bien tourmenté.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: "L'Adolescent", éditions Gallimard, 1998, traduit par par Pierre Pascal, page 4

[ autocritique ] [ orgueil ] [ insatisfaction ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

maître spirituel

Ainsi, qu’est-ce donc qu’un staretz ? Le staretz est celui qui prend votre âme, votre volonté dans son âme et sa volonté à lui. Ayant élu un staretz, vous abdiquez votre propre volonté et la lui remettez en obéissance complète, avec un renoncement total de vous-même. Cette épreuve, ce dur apprentissage de la vie, celui qui s’y voue l’accepte volontairement, dans l’espoir de se vaincre après une longue période probatoire, de se rendre maître de soi-même, au point de pouvoir enfin à travers l’obéissance de toute une vie, parvenir à la liberté cette fois totale, c’est-à-dire à la liberté envers soi-même.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Dans "Les Frères Karamazov", traduction d'Elisabeth Guertik, le Cercle du bibliophile, page 35

[ orthodoxie ] [ défini ] [ starets ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

harmonie

La beauté est une chose terrible et effrayante. Terrible parce que insaisissable et incompréhensible car Dieu a peuplé ce monde d'énigmes et de mystères. La beauté! Ce sont les visages de l'infini qui se rapprochent et se confondent, ce sont les contraires qui s'unissent dans la paix. Je ne suis guère instruit, frère, mais j'ai médité là-dessus. Que de mystères en ce monde! L'âme humaine est opprimée de vivre parmi tant d'énigmes indéchiffrables! Le plus terrible dans la beauté n'est pas d'être effrayante, mais d'être mystérieuse. En elle Dieu lutte avec le diable, et le champ de bataille se trouve dans le coeur de l'homme.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Les freres karamazov 1

[ miroir ]

 

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vanité

Le trait distinctif de ces gens, c'est qu'ils sont absolument incapables de dissimuler leurs désirs, mais sont possédés du besoin irrésistible de les exprimer, immédiatement, dans toute leur laideur.
Quand ils se trouvent dans une société qui n'est pas la leur, ils commencent d'ordinaire par se sentir gênés, mais aussitôt qu'on les y a laissé prendre pied, ils deviennent insolents.
Le capitaine s'emballait déjà ; il marchait à grands pas en agitant les bras, n'écoutait plus les questions qu'on lui posait et parlait de lui-même avec une telle volubilité que la langue lui fourchait parfois ; alors, sans achever sa phrase il en commençait une autre.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Les Possédés

[ exister ]

 

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trouble mental

C’était une crise d’épilepsie, ce dont il n’avait pas souffert depuis longtemps. On sait que ces crises surviennent à l’improviste : la figure se tord et le regard devient méconnaissable. Les convulsions et les crampes tordent le corps et la figure. Un cri horrible et inimaginable jaillit de la poitrine. Ce cri semble anéantir tout ce qu’il y a d’humain en vous, au point qu’un spectateur a peine à croire que ce soit vous qui le poussiez. On dirait que c’est un autre, qui se cache en vous, qui pousse ce cri. C’est l’impression de beaucoup de témoins ; plusieurs en sont frappés d’une terreur qui renferme quelque chose de mystique.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: "L'idiot", traduit par Nicolas Poltavtzev Presses de la renaissance, Paris, 1974, page 195

[ description externe ] [ physiologie ] [ inhumanité ]

 

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douleur

Les hommes prennent toute cette comédie au sérieux, en dépit de leur intelligence indiscutable. C’est en cela que réside leur drame. Eh bien, ils souffrent assurément mais... en revanche, ils vivent, ils vivent réellement, pas fantastiquement ; car c’est la souffrance qui est la vie. Sans la souffrance, quel plaisir y aurait-il en elle ? tout deviendrait un service d’action de grâces sans fin : ce serait pieux, mais plutôt ennuyeux. Voyons, et moi ? J’ai beau souffrir, je ne vis tout de même pas. Je suis l’inconnue dans l’équation. Je suis une sorte de spectre ayant perdu tous les tenants et aboutissants et qui a fini par oublier jusqu’à son propre nom.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Dans "Les Frères Karamazov", volume 2, traduction d'Elisabeth Guertik, le Cercle du bibliophile, pages 404-405

[ anéantissement ] [ intensité ] [ paradoxe ]

 
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