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autoportrait
En raison de mes tendances naturelles, du milieu où s’est déroulé mon enfance, de l’influence exercée par les études que ces mêmes tendances m’ont poussé à faire -pour toutes ces raisons mon caractère est du genre introverti ; fermé sur lui-même, et silencieux ; non pas se suffisant à lui-même, mais bien plutôt perdu en lui-même. Ma vie entière a été une vie de passivité et de rêverie. Mon caractère tout entier se définit par l’aversion, l’horreur et l’impossibilité -qui imprègnent tout ce que je suis, sur le plan physique et mental- d’entreprendre des actions décisives, et de concevoir des pensées bien arrêtées.
Auteur:
Pessoa Fernando (Alv. de Campos)
Années: 1888 - 1935
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Portugal
Info:
Dans "Un singulier regard"
[
contingence
]
[
introversion
]
[
lucidité
]
confusion
Il n'est pas de plus grande tragédie que l'égale intensité, dans la même âme ou le même homme, du sentiment intellectuel et du sentiment moral. Pour être indiscutablement et "absolument" moral, on doit être quelque peu stupide. Pour être absolument intellectuel, on doit être quelque peu immoral. Je ne sais quel jeu ou quelle ironie des choses condamne chez l'homme cette dualité portée à un degré élevé. Pour mon plus grand malheur, elle se réalise en moi. Je n'ai donc, possédant deux vertus, jamais rien pu faire de moi. Ce n'est pas l'excès d'une qualité, mais bien de deux, qui m'a tué à la vie.
Auteur:
Pessoa Fernando
Années: 1888 - 1935
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Portugal
Info:
L'Education du stoïcien
[
honnêteté
]
[
scrupules
]
[
bipolarité
]
[
désespoir
]
inassouvissement
J’ai tout vu, et de tout je me suis émerveillé,
Mais ce tout ou bien fut en excès ou bien ne suffit pas, je ne saurais le dire - et j’ai souffert.
J’ai vécu toutes les émotions, toutes les pensées, tous les gestes,
Et il m’en est resté une tristesse comme si j’avais voulu les vivre sans y parvenir.
J’ai aimé et haï comme tout le monde,
Mais pour tout le monde cela a été normal et instinctif,
Et pour moi ce fut toujours l’exception, le choc, la soupape, le spasme.
Auteur:
Pessoa Fernando (Alv. de Campos)
Années: 1888 - 1935
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Portugal
Info:
Poésies d'Alvaro de Campos - Le Gardeur de troupeau, autres poèmes d'Alberto Caeiro
[
loin des choses
]
[
heimatlos
]
introspection
À part ces rêves banals, hontes quotidiennes des bas-fonds de l'âme, que personne n'oserait avouer et qui hantent nos veilles comme des fantômes sordides, abcès gras et visqueux de notre sensibilité réprimée — que de choses ridicules, effarantes et indicibles l'âme peut encore, et au prix de quels efforts, reconnaître au tréfonds d'elle-même !
L'âme humaine est un asile de fous, peuplé de caricatures. Si une âme pouvait se révéler dans toute sa vérité, et s'il n'existait pas une pudeur plus profonde que toutes les hontes connues et étiquetées — elle serait, comme on dit de la vérité, un puits, mais un puits lugubre hanté de bruits vagues, peuplé de vies ignobles, de viscosités sans vie, larves dépourvues d'être, bave de notre subjectivité.
Auteur:
Pessoa Fernando
Années: 1888 - 1935
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Portugal
Info:
Le livre de l'intranquillité, Texte n° 242
[
pessimisme
]
impersonnel
Quels sont mes rêves? Je ne sais. J'ai déployé tous mes efforts pour arriver à un point où je ne sache plus à quoi je pense, à quoi je rêve, ni quelles sont mes visions. Il me semble que je rêve de toujours plus loin, et de plus en plus le vague, l'imprécis, l'invisionnable.
Je n'élabore pas de théories sur la vie. Je ne me demande pas si elle est bonne ou mauvaise. A mes yeux elle est cruelle et triste, et entremêlée de rêves délicieux. Que m'importe ce qu'elle est pour les autres?
La vie des autres me sert seulement à vivre à leur place et, pour chacun d'eux, la vie qui dans mon rêve me paraît leur convenir le mieux.
Auteur:
Pessoa Fernando (Alv. de Campos)
Années: 1888 - 1935
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Portugal
Info:
[
indifférenciation
]
[
irréelle
]
désengagement
Je suis hautement sociable, de façon hautement négative. Je suis l'être le plus inoffensif qui soit. Mais je ne suis pas davantage; je ne veux pas, je ne peux pas être davantage. J'ai à l'égard de tout ce qui existe une affection visuelle, une tendresse de l'intelligence -rien dans le coeur. Je n'ai foi en rien, espoir en rien, charité pour rien. J'exècre, effaré et écoeuré, les sincères de toutes les sincérités et les mystiques de tous les mysticismes, ou plutôt, et pour mieux dire, les sincérités de tous les sincères et les mysticismes de tous les mystiques. Cette nausée devient presque physique lorsque ces mysticismes sont actifs, qu'ils prétendent convaincre l'esprit des autres ou commander à leur volonté, trouver la vérité ou réformer le monde.
Auteur:
Pessoa Fernando (Alv. de Campos)
Années: 1888 - 1935
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Portugal
Info:
[
neutralité
]
[
inhumain
]
[
distanciation
]
introspection
Je pense, je pense sans cesse ; mais ma pensée ne contient pas de raisonnements, mon émotion ne contient pas d'émotion. Je tombe sans fin, du fond de la trappe située tout là-haut, à travers l'espace infini, dans une chute qui ne suit aucune direction, infinie, multiple et vide. Mon âme est un maelström noir, vaste vertige tournoyant autour du vide, mouvement d'un océan infini, autour d'un trou dans du rien ; et dans toutes ces eaux, qui sont un tournoiement bien plus que de l'eau, nagent toutes les images de ce que j'ai vu et entendu dans le monde - défilent des maisons, des visages, des livres, des caisses, des lambeaux de musique et des syllabes éparses, dans un tourbillon sinistre et sans fin.
Auteur:
Pessoa Fernando (Alv. de Campos)
Années: 1888 - 1935
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Portugal
Info:
Le livre de l'intranquillité, p. 36. 1988
[
vertige
]
écriture
Écrire, c'est oublier. La littérature est encore la manière la plus agréable d'ignorer la vie. La musique apaise, les arts visuels exaltent, les arts du spectacle (comme le théâtre et la danse) divertissent. La littérature, cependant, se retire de la vie, se transformant en sommeil. Les autres arts ne présentent pas un tel recul, les uns parce qu'ils utilisent des formules visuelles et donc vitales, les autres parce qu'ils vivent de la vie humaine elle-même.
Ce n'est pas le cas de la littérature. La littérature simule la vie. Un roman est un conte de ce qui n'a jamais été, une pièce de théâtre est un roman sans narration. Un poème est l'expression d'idées ou de sentiments dans une langue que personne n'utilise, car personne ne parle en vers.
Auteur:
Pessoa Fernando (Alv. de Campos)
Années: 1888 - 1935
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Portugal
Info:
Le livre de l'intanquilité
[
refuge
]
célébrité
Je ne suis guère touché d'entendre dire qu'un homme, que je tiens pour fou ou pour un sot, surpasse un homme ordinaire en de nombreuses occasions ou affaires de l'existence. Les épileptiques, en pleine crise, sont d'une force extrême ; les paranoïaques raisonnent comme peu d'hommes normaux savent le faire ; les maniaques atteints de délire religieux rassemblent des foules de croyants comme peu de démagogues (si même il en est) réussissent à le faire, et avec une force intérieure que ceux-ci ne parviennent pas à communiquer à leurs partisans. Et tout cela prouve seulement que la folie est la folie. Je préfère la défaite, qui reconnaît la beauté des fleurs, à la victoire au milieu du désert, emplie de cécité de l'âme, seule avec sa nullité séparée de tout.
Auteur:
Pessoa Fernando
Années: 1888 - 1935
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Portugal
Info:
Le livre de l'intranquillité, Texte n° 200
[
illusion
]
[
certitude
]
[
déséquilibre
]
[
éristique
]
[
pouvoir
]
océanique
Nous sommes qui nous ne sommes pas, la vie est brève et triste. Le bruit des vagues, la nuit, est celui de la nuit même; et combien l'ont entendu retentir au fond de leur âme, tel l'espoir qui se brise perpétuellement dans l'obscurité, avec un bruit sourd d'écume résonnant dans les profondeurs!
Combien de larmes pleurées par ceux qui obtenaient, combien de larmes perdues par ceux qui réussissaient ! Et tout cela, durant ma promenade au bord de la mer, est devenu pour moi le secret de la nuit et la confidence de l'abîme.
Que nous sommes nombreux à vivre, nombreux à nous leurrer! Quelles mers résonnent au fond de nous, dans cette nuit d'exister, sur ces plages que nous nous sentons être, et où déferle l'émotion en marées hautes !
Auteur:
Pessoa Fernando
Années: 1888 - 1935
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Portugal
Info:
Le livre de l'intranquillité
[
mystère
]
[
littérature
]