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allégorie
[...] une des fonctions générales du symbolisme est effectivement de suggérer l’inexprimable, de le faire pressentir, ou mieux "assentir", par les transpositions qu’il permet d’effectuer d’un ordre à un autre, de l’inférieur au supérieur, de ce qui est le plus immédiatement saisissable à ce qui ne l’est que beaucoup plus difficilement ; et telle est précisément la destination première des mythes. C’est d’ailleurs ainsi que, même à l’époque "classique", Platon a encore recours à l’emploi des mythes lorsqu’il veut exposer des conceptions qui dépassent la portée de ses moyens dialectiques habituels ; et ces mythes, que certainement il n’a point "inventés", mais seulement "adaptés", car ils portent la marque incontestable d’un enseignement traditionnel (comme la portent aussi certains procédés dont il fait usage pour l’interprétation des mots, et qui sont comparables à ceux du nirukta dans la tradition hindoue), ces mythes, disons-nous, sont bien loin de n’être que les ornements littéraires plus ou moins négligeables qu’y voient trop souvent les commentateurs et les "critiques" modernes, pour qui il est assurément beaucoup plus commode de les écarter ainsi sans autre examen que d’en donner une explication même approximative ; ils répondent, tout au contraire, à ce qu’il y a de plus profond dans la pensée de Platon, de plus dégagé des contingences individuelles, et qu’il ne peut, à cause de cette profondeur même, exprimer que symboliquement ; la dialectique contient souvent chez lui une certaine part de "jeu", ce qui est très conforme à la mentalité grecque, mais, quand il l’abandonne pour le mythe, on peut être sûr que le jeu a cessé et qu’il s’agit de choses ayant en quelque façon un caractère "sacré".
Auteur:
Guénon René
Années: 1886 - 1951
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain, ésotériste, philosophe pérennialiste
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dans "Aperçus sur l'initiation", Éditions Traditionnelles, 1964, page 124
[
ineffable
]
[
philosophie antique
]
[
archétypes
]
[
romantisme sémiotique
]
cheminement initiatique
Les "petits mystères" comprennent tout ce qui se rapporte au développement des possibilités de l’état humain envisagé dans son intégralité ; ils aboutissent donc à ce que nous avons appelé la perfection de cet état, c’est-à-dire à ce qui est désigné traditionnellement comme la restauration de l’"état primordial". Les "grands mystères" concernent proprement la réalisation des états supra-humains : prenant l’être au point où l’ont, laissé les "petits mystères", et qui est le centre du domaine de l’individualité humaine, ils le conduisent au delà de ce domaine, et à travers les états supra-individuels, mais encore conditionnés, jusqu’à l’état inconditionné qui seul est le véritable but, et qui est désigné comme la "Délivrance finale" ou comme l’"Identité Suprême". Pour caractériser respectivement ces deux phases, on peut, en appliquant le symbolisme géométrique, parler de "réalisation horizontale" et de "réalisation verticale", la première devant servir de base à la seconde; cette base est représentée symboliquement par la terre, qui correspond au domaine humain, et la réalisation supra-humaine est alors décrite comme une ascension à travers les cieux, qui correspondent aux états supérieurs de l’être. Il est d’ailleurs facile de comprendre pourquoi la seconde présuppose nécessairement la première : le point central de l’état humain est le seul où soit possible la communication directe avec les états supérieurs, celle-ci s’effectuant suivant l’axe vertical qui rencontre en ce point le domaine humain ; il faut donc être parvenu d’abord à ce centre pour pouvoir ensuite s’élever, suivant la direction de l’axe, aux états supra-individuels ; et c’est pourquoi, pour employer le langage de Dante, le "Paradis terrestre" est une étape sur la voie qui mène au "Paradis céleste".
Auteur:
Guénon René
Années: 1886 - 1951
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain, ésotériste, philosophe pérennialiste
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dans "Aperçus sur l'initiation", Éditions Traditionnelles, 1964, page 249
[
symbolisme de la croix
]
[
progression
]
tradition primordiale
Il est très difficile de faire comprendre à nos contemporains qu’il y a des choses qui, par leur nature même, ne peuvent se discuter ; l’homme moderne, au lieu de chercher à s’élever à la vérité, prétend la faire descendre à son niveau ; et c’est sans doute pourquoi il en est tant qui, lorsqu’on leur parle de "sciences traditionnelles" ou même de métaphysique pure, s’imaginent qu’il ne s’agit que de "science profane" et de "philosophie". Dans le domaine des opinions individuelles, on peut toujours discuter, parce qu’on ne dépasse pas l’ordre rationnel, et parce que, ne faisant appel à aucun principe supérieur, on arrive facilement à trouver des arguments plus ou moins valables pour soutenir le "pour" et le "contre" ; on peut même, dans bien des cas, pousser la discussion indéfiniment sans parvenir à aucune solution, et c’est ainsi que presque toute la philosophie moderne n’est faite que d’équivoques et de questions mal posées. Bien loin d’éclaircir les questions comme on le suppose d’ordinaire, la discussion, le plus souvent, ne fait guère que les déplacer, sinon les obscurcir davantage ; et le résultat le plus habituel est que chacun, en s’efforçant de convaincre son adversaire, s’attache plus que jamais à sa propre opinion et s’y enferme d’une façon encore plus exclusive qu’auparavant. En tout cela, au fond, il ne s’agit pas d’arriver à la connaissance de la vérité, mais d’avoir raison malgré tout, ou tout au moins de s’en persuader soi-même, si l’on ne peut en persuader les autres, ce qu’on regrettera d’ailleurs d’autant plus qu’il s’y mêle toujours ce besoin de "prosélytisme" qui est encore un des éléments les plus caractéristiques de l’esprit occidental.
Auteur:
Guénon René
Années: 1886 - 1951
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain, ésotériste, philosophe pérennialiste
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dans "La crise du monde moderne"
[
libéralisme des idées
]
[
prétention individuelle
]
[
verbiage
]
métaphysique
Le but réel de l’initiation, ce n’est pas seulement la restauration de l’"état édénique", qui n’est qu’une étape sur la route qui doit mener bien plus haut, puisque c’est au-delà de cette étape que commence vraiment le "voyage céleste" ; ce but, c’est la conquête active des états "supra-humains", car, comme Dante le répète après l’Évangile, "Regnum cœlorum violenza pate…", et là est une des différences essentielles qui existent entre les initiés et les mystiques. Pour exprimer les choses autrement, nous dirons que l’état humain doit d’abord être amené à la plénitude de son expansion, par la réalisation intégrale de ses possibilités propres (et cette plénitude est ce qu’il faut entendre ici par l’"état édénique") ; mais, loin d’être le terme, ce ne sera encore là que la base sur laquelle l’être s’appuiera pour "salire alle stelle", c’est-à-dire pour s’élever aux états supérieurs, que figurent les sphères planétaires et stellaires dans le langage de l’astrologie, et les hiérarchies angéliques dans le langage théologique. Il y a donc deux périodes à distinguer dans l’ascension, mais la première, à vrai dire, n’est une ascension que par rapport à l’humanité ordinaire : la hauteur d’une montagne, quelle qu’elle soit, est toujours nulle en comparaison de la distance qui sépare la Terre des Cieux ; en réalité, c’est donc plutôt une extension, puisque c’est le complet épanouissement de l’état humain. Le déploiement des possibilités de l’être total s’effectue ainsi d’abord dans le sens de l’"ampleur", et ensuite dans celui de l’"exaltation", pour nous servir de termes empruntés à l’ésotérisme islamique ; et nous ajouterons encore que la distinction de ces deux périodes correspond à la division antique des "petits mystères" et des "grands mystères".
Auteur:
Guénon René
Années: 1886 - 1951
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain, ésotériste, philosophe pérennialiste
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dans "L'Ésotérisme de Dante", éditions Gallimard, 1957, pages 47-48
[
phases
]
contre-tradition
Nous avons déjà exposé ailleurs le rôle de la psychanalyse dans l’œuvre de subversion qui, succédant à la "solidification" matérialiste du monde, constitue la seconde phase de l’action antitraditionnelle caractéristique de l’époque moderne tout entière. Il nous faut encore revenir sur ce sujet, car, depuis quelque temps, nous constatons que l’offensive psychanalyste va toujours de plus en plus loin, en ce sens que, s’attaquant directement à la tradition sous prétexte de l’expliquer, elle tend maintenant à en déformer la notion même de la façon la plus dangereuse. À cet égard, il y a lieu de faire une distinction entre des variétés inégalement "avancées" de la psychanalyse : celle-ci, telle qu’elle avait été conçue tout d’abord par Freud, se trouvait encore limitée jusqu’à un certain point par l’attitude matérialiste qu’il entendit toujours garder ; bien entendu, elle n’en avait pas moins déjà un caractère nettement "satanique", mais du moins cela lui interdisait-il de prétendre aborder certains domaines, ou, même si elle le prétendait cependant, elle n’en atteignait en fait que des contrefaçons assez grossière, d’où des confusions qu’il était encore relativement facile de dissiper. Ainsi, quand Freud parlait de "symbolisme", ce qu’il désignait abusivement ainsi n’était en réalité qu’un simple produit de l’imagination humaine, variable d’un individu à l’autre, et n’ayant véritablement rien de commun avec l’authentique symbolisme traditionnel. Ce n’était là qu’une première étape, et il était réservé à d’autres psychanalystes de modifier les théories de leur "maître" dans le sens d’une fausse spiritualité afin de pouvoir, par une confusion beaucoup plus subtile, les appliquer à une interprétation du symbolisme traditionnel lui-même. Ce fut surtout le cas de C.G. Jung, dont les premières tentatives dans ce domaine datent d’assez longtemps déjà […].
Auteur:
Guénon René
Années: 1886 - 1951
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain, ésotériste, philosophe pérennialiste
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dans "Symboles de la science sacrée", page 45
[
critique
]
[
spiritualité à rebours
]
diffraction
On pourrait dire que, dans un septénaire ainsi constitué, un est au centre et six à la circonférence ; en d’autres termes, un tel septénaire est formé de l’unité et du sénaire, l’unité correspondant au principe non manifesté et le sénaire à l’ensemble de la manifestation. Nous pouvons faire un rapprochement entre ceci et le symbolisme de la "semaine" dans la Genèse hébraïque, car, là aussi, le septième terme est essentiellement différent des six autres : la création, en effet, est l’"œuvre des six jours" et non pas des sept ; et le septième jour est celui du "repos". Ce septième terme, qu’on pourrait désigner comme le terme "sabbatique", est véritablement aussi le premier, car ce "repos" n’est pas autre chose que la rentrée du Principe créateur dans l’état initial de non-manifestation, état dont, d’ailleurs, il n’est sorti qu’en apparence, par rapport à la création et pour produire celle-ci suivant le cycle sénaire, mais dont, en soi, il n’est jamais sorti en réalité. De même que le point n’est pas affecté par le déploiement de l’espace, bien qu’il semble sortir de lui-même pour en décrire les six directions, ni la lumière blanche par l’irradiation de l’arc-en-ciel, bien qu’elle semble s’y diviser pour en former les six couleurs, de même le Principe non manifesté, sans lequel la manifestation ne saurait être en aucune façon, tout en paraissant agir et s’exprimer dans l’"œuvre des six jours", n’est pourtant aucunement affecté par cette manifestation ; et le "septième rayon" est la "Voie" par laquelle l’être, ayant parcouru le cycle de la manifestation, revient au non-manifesté et est uni effectivement au Principe, dont cependant, dans la manifestation même, il n’a jamais été séparé qu’en mode illusoire.
Auteur:
Guénon René
Années: 1886 - 1951
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain, ésotériste, philosophe pérennialiste
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Info:
Dans "Symboles de la science sacrée", page 332
[
symbolique
]
critique littéraire
Dans ce nouvel ouvrage [Révolte contre le monde moderne], l’auteur [Julius Evola] oppose l’une à l’autre la civilisation traditionnelle et la civilisation moderne, la première de caractère transcendant et essentiellement hiérarchique, la seconde fondée sur un élément purement humain et contingent ; puis il décrit les phases de la décadence spirituelle qui a conduit du monde traditionnel au monde moderne. Nous aurions des réserves à faire sur quelques points : ainsi, quand il s’agit de la source originelle unique des deux pouvoirs sacerdotal et royal, l’auteur a une tendance très marquée à mettre l’accent sur l’aspect royal au détriment de l’aspect sacerdotal ; quand il distingue deux types de tradition qu’il rapporte respectivement au Nord et au Sud, le second de ces deux termes nous apparaît comme quelque peu impropre, même s’il ne l’entend pas en un sens strictement "géographique", car il semble se référer surtout à l’Atlantide, qui, de toutes façons, correspond à l’Ouest et non au Sud. Nous craignons aussi qu’il ne voie dans le Bouddhisme primitif autre chose que ce que celui-ci fut réellement car il en fait un éloge qui, au point de vue traditionnel, ne se comprend guère ; par contre, il déprécie le Pythagorisme d’une façon assez peu justifiée ; et nous pourrions relever encore d’autres choses du même genre. Cela ne doit pas nous empêcher de reconnaître, comme il convient, le mérite et l’intérêt de l’ouvrage dans son ensemble, et de le signaler plus particulièrement à l’attention de tous ceux que préoccupe la "crise du monde moderne", et qui pensent comme nous que le seul moyen efficace d’y remédier consisterait dans un retour à l’esprit traditionnel, en dehors duquel rien de vraiment "constructif" ne saurait être entrepris valablement.
Auteur:
Guénon René
Années: 1886 - 1951
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain, ésotériste, philosophe pérennialiste
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Comptes rendus, année 1934, J. Evola, Rivolta contro il Mondo moderno (Ulrico Hoepli, Milan), pp. 13-14, éd. Éditions Traditionnelles, 1973.
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erreurs
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nuances
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historique
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supports de communication
[…] pour certains, tandis que le mythe est un récit présentant un autre sens que celui que les mots qui le composent expriment directement et littéralement, le symbole serait essentiellement une représentation figurative de certaines idées par un schéma géométrique ou par un dessin quelconque ; le symbole serait donc proprement un mode graphique d’expression, et le mythe un mode verbal. Suivant ce que nous avons expliqué précédemment, il y a là, en ce qui concerne la signification donnée au symbole, une restriction tout à fait inacceptable, car toute image qui est prise pour représenter une idée, pour l’exprimer ou la suggérer d’une façon quelconque et à quelque degré que ce soit, est par là même un signe ou, ce qui revient au même, un symbole de cette idée ; peu importe qu’il s’agisse d’une image visuelle ou de toute autre sorte d’image, car cela n’introduit ici aucune différence essentielle et ne change absolument rien au principe même du symbolisme. Celui-ci, dans tous les cas, se base toujours sur un rapport d’analogie ou de correspondance entre l’idée qu’il s’agit d’exprimer et l’image, graphique, verbale ou autre, par laquelle on l’exprime ; à ce point de vue tout à fait général, les mots eux-mêmes, comme nous l’avons déjà dit, ne sont et ne peuvent être autre chose que des symboles. On pourrait même, au lieu de parler d’une idée et d’une image comme nous venons de le faire, parler plus généralement encore de deux réalités quelconques, d’ordres différents, entre lesquelles il existe une correspondance ayant son fondement à la fois dans la nature de l’une et de l’autre : dans ces conditions, une réalité d’un certain ordre peut être représentée par une réalité d’un autre ordre, et celle-ci est alors un symbole de celle-là.
Auteur:
Guénon René
Années: 1886 - 1951
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain, ésotériste, philosophe pérennialiste
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dans "Aperçus sur l'initiation", Éditions Traditionnelles, 1964, page 121
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caractéristiques
]
[
manifestation
]
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définis
]
[
texte-image
]
autorité traditionnelle
Tout d’abord, pour ce qui est de l’individu, il est évident, après ce qui vient d’être dit, que son intention d’être initié, même en admettant qu’elle soit vraiment pour lui l’intention de se rattacher à une tradition dont il peut avoir quelque connaissance "extérieure", ne saurait aucunement suffire par elle-même à lui assurer l’initiation réelle. En effet, il ne s’agit nullement d’"érudition", qui, comme tout ce qui relève du savoir profane, est ici sans aucune valeur ; et il ne s’agit pas davantage de rêve ou d’imagination, non plus que d’aspirations sentimentales quelconques. S’il suffisait, pour pouvoir se dire initié, de lire des livres, fussent-ils les Écritures sacrées d’une tradition orthodoxe, accompagnées même, si l’on veut, de leurs commentaires les plus profondément ésotériques, ou de songer plus ou moins vaguement à quelque organisation passée ou présente à laquelle on attribue complaisamment, et d’autant plus facilement qu’elle est plus mal connue, son propre "idéal" (ce mot qu’on emploie de nos jours à tout propos, et qui, signifiant tout ce qu’on veut, ne signifie véritablement rien au fond), ce serait vraiment trop facile ; et la question préalable de la "qualification" se trouverait même par là entièrement supprimée, car chacun, étant naturellement porté à s’estimer "bien et dûment qualifié", et étant ainsi à la fois juge et partie dans sa propre cause, découvrirait assurément sans peine d’excellentes raisons (excellentes du moins à ses propres yeux et suivant les idées particulières qu’il s’est forgées) pour se considérer comme initié sans plus de formalités, et nous ne voyons même pas pourquoi il s’arrêterait en si bonne voie et hésiterait à s’attribuer d’un seul coup les degrés les plus transcendants. Ceux qui s’imaginent qu’on "s’initie" soi-même, comme nous le disions précédemment, ont-ils jamais réfléchi à ces conséquences plutôt fâcheuses qu’implique leur affirmation ?
Auteur:
Guénon René
Années: 1886 - 1951
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain, ésotériste, philosophe pérennialiste
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dans "Aperçus sur l'initiation", Éditions Traditionnelles, 1964, page 38
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possibilités
]
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contrefaçon
]
qualifications mondaines
On peut s’expliquer facilement par là un fait que nous avons eu fréquemment l’occasion de constater en ce qui concerne les gens dits "cultivés" ; on sait ce qui est entendu communément par ce mot : il ne s’agit même pas là d’une instruction tant soit peu solide, si limitée et si inférieure qu’en soit la portée, mais d’une "teinture" superficielle de toute sorte de choses, d’une éducation surtout "littéraire", en tout cas purement livresque et verbale, permettant de parler avec assurance de tout, y compris ce qu’on ignore le plus complètement, et susceptible de faire illusion à ceux qui, séduits par ces brillantes apparences, ne s’aperçoivent pas qu’elles ne recouvrent que le néant. Cette "culture" produit généralement, à un autre niveau, des effets assez comparables. À ceux que nous rappelions tout à l’heure au sujet de l’instruction· primaire ; il y a certes des exceptions, car il peut arriver que celui qui a reçu une telle "culture" soit doué d’assez heureuses dispositions naturelles pour ne l’apprécier qu’à sa juste valeur et ne point en être dupe lui-même ; mais nous n’exagérons rien en disant que, en dehors de ces exceptions, la grande majorité des gens "cultivés" doivent être comptés parmi ceux dont l’état mental est le plus défavorable à la réception de la véritable connaissance. Il y a chez eux, vis-à-vis de celle-ci, une sorte de résistance souvent inconsciente, parfois aussi voulue ; ceux mêmes qui ne nient pas formellement, de parti pris et a priori, tout ce qui est d’ordre ésotérique ou initiatique, témoignent du moins à cet égard d’un manque d’intérêt complet, et il arrive même qu’ils affectent de faire étalage de leur ignorance de ces choses, comme si elle était à leurs propres yeux une des marques de la supériorité que la "culture" est censée leur conférer !
Auteur:
Guénon René
Années: 1886 - 1951
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain, ésotériste, philosophe pérennialiste
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Dans "Aperçus sur l'initiation", Éditions Traditionnelles, 1964, page 217
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savoir profane
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lavage de cerveaux
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critique
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fermeture
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salonnards
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