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conférence

Cinq cents adultes, beaucoup de femmes, beaucoup qui écrivent pliées en deux sur leur pupitre, qui prennent des notes qu'elles ne reliront pas, et tellement de sérieux sur les visages, le sérieux de qui s'applique à bien entendre comme on s'efforce de bien manger, sans rien renverser à côté de l'assiette, le sérieux de l'enfance obéissante, préoccuppée de bien apprendre afin d'avoir une bonne note et de gagner l'amour du maître. Cinq cents enfants de trente à cinquante ans, dans l'infirmité de celui qui ne sait rien, à qui on va tout révéler.

Auteur: Bobin Christian

Info: In "L'inespérée", éd. Gallimard, p. 47

[ retour à l'école ] [ expectative ] [ écoute ] [ régression ] [ auditoire studieux ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

paradoxe

Vous voulez savoir ce qu'est la joie, vous voulez vraiment savoir ce que c'est ? Alors écoutez : c'est la nuit, il pleut, j'ai faim, je suis dehors, je frappe à la porte de ma maison, je m'annonce et on ne m'ouvre pas, je passe la nuit à la porte de chez moi, sous la pluie, affamé. Voilà ce qu'est la joie. Comprenne qui pourra. Entende qui voudra entendre. La joie c'est de n'être plus jamais chez soi, toujours dehors, affaibli de tout, affamé de tout, partout dans le dehors du monde comme au ventre de Dieu.

Auteur: Bobin Christian

Info: Le Très-Bas, pp 120-121

[ libération ] [ contraste éveil ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

naître

Au début on ne lit pas. Au lever de la vie, à l'aurore des yeux. On avale la vie par la bouche, par les mains, mais on ne tache pas encore ses yeux avec de l'encre. Aux principes de la vie, aux sources premières, aux ruisselets de l'enfance, on ne lit pas, on n'a pas l'idée de lire, de claquer derrière soi la page d'un livre, la porte d'une phrase. Non c'est plus simple au début. Plus fou peut-être. On est séparé de rien, par rien. On est dans un continent sans vraies limites - et ce continent c'est vous, soi-même.

Auteur: Bobin Christian

Info: Une petite robe de fête, incipit

[ sens ] [ immersion ]

 
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rapports humains

La solitude est une maladie dont on ne guérit qu’à condition de la laisser prendre ses aises et de ne surtout pas en chercher le remède, nulle part. J’ai toujours craint ceux qui ne supportent pas d’être seuls et demandent au couple, au travail, à l’amitié voire, même au diable ce que ni le couple, ni le travail, ni l’amitié ni le diable ne peuvent donner : une protection contre soi-même, une assurance de ne jamais avoir affaire à la vérité solitaire de sa propre vie. Ces gens-là sont infréquentables. Leur incapacité d’être seuls fait d’eux les personnes les plus seules au monde.

Auteur: Bobin Christian

Info: L'Epuisement

[ isolement ] [ irrémédiable ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

dualité

Aimer et mourir procèdent de la même connaissance, vont du même pas. Ce sont deux lueurs qui ne font qu'un seul feu, et sans doute est-ce pour cela que nous aimons si peu, si mal : il nous faudrait consentir à notre propre défaite. Il nous faudrait perdre et renoncer à tout, même aux gains de cette perte. Ce n'est que dans l'amour — dans la délicatesse d'une main, la lenteur d'une voix ou le tourment d'un regard — que chaque chose retrouve sa place, toute sa place, au centre périssable d'elle-même : l'éternité est la part la plus friable du corps. 

Auteur: Bobin Christian

Info: Le Huitième jour de la semaine

[ amour ] [ mort ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

grandir

Je ne pense jamais à l’âge. Les calendriers ne disent pas la vérité sur nous. Les dizaines d’années qui ont sculpté nos traits ne sont rien si nous nous laissons traverser par l’esprit, par la beauté de la vie, l’état amoureux. Cela nous soulève au-dessus de nous-même. Nous sommes plus qu’un empilement d’années ou d’expériences. Vieillir, c’est connaître une lumière de plus en plus grande. Car c’est le dépouillement les pertes, les deuils auxquels nous confrontent la vie, c’est ce qui nous allège qui nous éclaire. Je trouve charmant la manière qu’a la vie de nous défaire de nos certitudes et de nos protections. 

Auteur: Bobin Christian

Info: Entretien avec Notre Temps

[ détachement ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

pédagogie

Il y a dans la vie des gens qui croient nécessaire, pour être entendus, d'adopter un ton sérieux, de prendre la voix de Dieu le père. Ces gens-là sont à fuir. On ne peut décemment les écouter plus d'une minute, et d'ailleurs ils ne parlent pas: ils affirment. Ils donnent des leçons de morale, des cours de pédagogie, d'ennuyeuses leçons de maintien. Même quand ils disent vrai ils tuent la vérité de ce qu'ils disent. Et puis, merveille des merveilles, on rencontre ici ou là [..] des gens qui se taisent comme dans les livres. Ceux-là on ne se lasserait pas de les fréquenter. On est avec eux comme on est avec soi: délié, calme, rendu au clair silence qui est la vérité de tout.

Auteur: Bobin Christian

Info: Isabelle Bruges, coll. folio # 2820, p. 100

 

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cycle

Le soir vient. Une longue patience enveloppe les choses et le sang, plus sûrement que du lierre. C'est le bel instant suspendu au-dessus de l'abîme, c'est l'heure de notre mort qui revient ainsi, chaque soir, comme une feuille baignée d'argent qui se détache d'un arbre, très loin dans la forêt. Ce jour ne reviendra plus. Il était le premier et le dernier en son ordre. Un nouveau monde surgira demain des eaux planantes du sommeil, et tout l'effort de vivre, de voir et de sourire sera à reprendre. La lumière du matin heurtera les yeux. Il faudra à nouveau regagner son corps, aller vers ce qui, dès le réveil, s'approche de nous - femme, songe ou nuée - et dont nous ne savons rien sinon que cela s'avance.

Auteur: Bobin Christian

Info:

[ crépuscule circadien ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

quête

Il m’aura fallu plus de soixante ans pour savoir ce que je cherchais en écrivant, en lisant, en tombant amoureux, en m’arrêtant net devant un liseron, un silex ou un soleil couchant. Je cherche le surgissement d’une présence, l’excès du réel qui ruine toutes les définitions. Bach est plus que musicien. Soulages est plus que peintre. Rimbaud n'est poète que secondairement (...). Je reconnais dans ces insensés ce qu’apprend avec effroi le nouveau-né, chaque fois que le visage de sa mère lui réapparaît, crevant la toile de l’air comme le lion le cercle de feu : il y a une réalité infiniment plus grande que toute réalité, qui froisse et broie et enflamme toutes les apparences. Il y a une présence qui a traversé les enfers avant de nous atteindre pour nous combler en nous tuant.


Auteur: Bobin Christian

Info: Pierre

[ révélation ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

existence

Personne n'a une vie facile. Le seul fait d'être vivant nous porte immédiatement au plus difficile. Les liens que nous nouons dès la naissance, dès la première brûlure de l'âme au feu du souffle, ces liens sont immédiatement difficiles, inextricables, déchirants. La vie n'est pas chose raisonnable. On ne peut, sauf à se mentir, la disposer devant soi sur plusieurs années comme une chose calme, un dessin d'architecte. La vie n'est rien de prévisible ni d'arrangeant. Elle fond sur nous comme le fera plus tard la mort, elle est affaire de désir et le désir nous voue au déchirant et au contradictoire. Ton génie est de t'accommoder une fois pour toute de tes contradictions, de ne rien gaspiller de tes forces à réduire ce qui ne peut l'être, ton génie est d'avancer dans la déchirure, ton génie c'est de traiter avec l'amour sans intermédiaire, d'égal à égal, et tant pis pour le reste. D'ailleurs quel reste ?

Auteur: Bobin Christian

Info: La plus que vive

[ malaisée ]

 

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Ajouté à la BD par miguel