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bonheur

Le besoin qu'a Pascal de désespérer l'homme et de saper ses joies, à seule fin de précipiter sa conversion, cette systématique dépréciation du jeu, de l'art ("quelle vanité que la peinture..."), de tout ce qui distrait l'homme de la nécessité de la mort - me paraît beaucoup plus vain que le plaisir même ; et combien me paraît plus sage la boutade de Hebel : "Que peut faire de mieux le rat pris au piège ? - C'est de manger le lard."

Auteur: Gide André

Info: Journal 1889-1939/la Pléiade/nrf Gallimard 1951<9 août 1937 p.1268>

[ naturel ] [ profiter ] [ félicité ]

 

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civilisation

À dire vrai, les devoirs envers l'État sont ceux que j'ai mis le plus de temps et eu le plus de mal à apprendre. Je suis resté longtemps à leur égard dans cette confiance naïve de l'enfant qui s'imagine que son chocolat du matin arrive tout chaud quotidiennement sur sa table, en vertu de quelque nécessité cosmique. Il est bon, pour l'éducation de l'enfant, que, par quelque perturbation familiale, son chocolat, de temps à autre, soit renversé. La peur de ne plus avoir de chocolat du tout est salutaire.

Auteur: Gide André

Info: Journal 1889-1939/la Pléiade/nrf Gallimard 1951<p.674>

[ confort ] [ abrutissement ]

 

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vieillesse

Toutes les pensées qu'alimentait naguère le désir, toutes les inquiétudes qu'il soulevait, ah ! qu'il devient difficile de les comprendre, alors que la source de la convoitise tarit. Et comment s'étonner dès lors de l'intransigeance de ceux qui n'ont jamais été menés par le désir ?...Il semble, l'âge venant, qu'on se soit surfait quelque peu ses exigences et l'on s'étonne de voir de plus jeunes que soi s'en laisser tourmenter encore. Les vagues retombent lorsque le vent ne souffle plus ; tout l'océan s'endort pour pouvoir refléter le ciel. Savoir souhaiter l'inévitable, toute la sagesse est là. Toute la sagesse du vieillard.

Auteur: Gide André

Info: Journal 1889-1939, la Pléiade, nrf Gallimard 1951, 23 octobre 1927 p.855

[ impuissance ]

 

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causalité

La science, il est vrai, ne progresse qu'en remplaçant partout le pourquoi par le comment ; mais, si reculé qu'il soit, un point reste toujours où les deux interrogations se rejoignent et se confondent. Obtenir l'homme... des milliards de siècles n'y auraient pu suffire, par la seule contribution du hasard. Si antifinaliste que l'on soit, que l'on puisse être, on se heurte là à de l'inadmissible, à de l'impensable ; et l'esprit ne peut s'en tirer qu'il n'admette une propension, une pente, qui favorise le tâtonnant, confus et inconscient acheminement de la matière vers la vie, vers la conscience ; puis, à travers l'homme, vers Dieu.

Auteur: Gide André

Info: Journal 1939-1949 Souvenirs/la Pléiade/Gallimard 1954, 8 juin 1942 p.123

[ créationniste ]

 

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maintenant

Savez-vous ce qui me gâte l'écriture ? Ce sont les corrections, les ratures, les maquillages qu'on y fait.

– Croyez-vous donc qu'on ne se corrige pas, dans la vie ? demanda Julius allumé.

– Vous ne m'entendez pas: Dans la vie, on se corrige, à ce qu'on dit, on s'améliore; on ne peut corriger ce qu'on a fait. C'est ce droit de retouche qui fait de l'écriture une chose si grise et si... (il n'acheva pas). Oui; c'est là ce qui me paraît si beau dans la vie; c'est qu'il faut peindre dans le frais. La rature y est défendue.


Auteur: Gide André

Info: Les Caves du Vatican

[ définitif ] [ présent ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

vacherie

Enquête du Berliner Tageblatt. Il s'agit, à l'occasion du XXVe anniversaire de la mort de Wagner, de pressentir les "sommités artistiques et intellectuelles de toute l'Europe pour avoir leur opinion sur l'influence du wagnérisme, spécialement en France". Je réponds: "J'ai la personne et l'oeuvre de Wagner en horreur; mon aversion passionnée n'a fait que croître depuis mon enfance. Ce prodigieux génie n'exalte pas tant qu'il n'écrase. Il a permis à quantité de snobs, de gens de lettres et de sots de croire qu'ils aimaient la musique, et à quelques artistes de croire que le génie s'apprenait. L'Allemagne n'a peut-être jamais rien produit à la fois d'aussi grand ni d'aussi barbare."

Auteur: Gide André

Info: Journal 15 janvier 1908

[ musique ] [ lourdeur ]

 

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snobisme

Les jeunes gens que j'ai connus les plus fanatiques d'automobile étaient auparavant les moins curieux de voyages. Le plaisir n'est plus ici de voir du pays, ni même d'arriver vite dans tel lieu, où du reste plus rien n'attire ; mais bien précisément d'aller vite. Et que l'on goûte là des sensations aussi profondément inartistiques, anti-artistiques, que celles de l'alpinisme, il faut bien accorder qu'elles sont intenses et irréductibles ; l'époque qui les a connues en subira la conséquence ; c'est l'époque de l'impressionnisme, de la vision rapide et superficielle ; on devine quels seront ses dieux, ses autels ; à force d'irrespect, d'inconsidération, d'inconséquence, elle y sacrifiera davantage encore, mais de manière inconsciente ou inavouée.

Auteur: Gide André

Info: Journal 1889-1939, la Pléiade, nrf Gallimard 1951, 1910,c p.310

[ progrès ] [ accélération ]

 

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réalité

Il y a quelque... romantisme à se désoler que les choses ne soient pas autrement qu'elles ne sont ; c'est-à-dire qu'elles ne peuvent être. C'est sur le réel qu'il nous faut édifier notre sagesse, et non point sur l'imaginaire. Même la mort doit être admise par nous et nous devons nous élever jusqu'à la comprendre ; jusqu'à comprendre que l'émerveillante beauté de ce monde vient de ceci précisément que rien n'y dure et que sans cesse ceci doit céder place et matière pour permettre à cela, qui n'a pas encore été, de se produire ; le même, mais renouvelé, rajeuni ; le même, et pourtant imperceptiblement plus voisin de cette perfection à laquelle il tend sans le savoir et dont se forme lentement le visage même de Dieu.

Auteur: Gide André

Info: Journal 1939-1949 Souvenirs, la Pléiade, Gallimard 1954 <10 mai 1940 p.20>

 

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vacherie

Pour la septième ou huitième fois (au moins), essayé Also sprach Zarathustra. IMPOSSIBLE. Le ton de ce livre m'est insupportable. Et toute mon admiration pour Nietzsche ne parvient pas à me le faire endurer. Enfin il me paraît, dans son oeuvre, quelque peu surérogatoire ; ne prendrait de l'importance que si les autres livres n'existaient pas. Sans cesse je l'y sens jaloux du Christ ; soucieux de donner au monde un livre qu'on puisse lire comme on lit l'Evangile. Si ce livre est devenu plus célèbre que tous les autres de Nietzsche, c'est que, au fond, c'est un roman. Mais, pour cela précisément, il s'adresse à la plus basse classe de ses lecteurs : ceux qui ont encore besoin d'un mythe. Et ce que j'aime surtout en Nietzsche, c'est sa haine de la fiction.

Auteur: Gide André

Info: Journal 1889-1939, la Pléiade, Gallimard 1951 <22 juin 1930 p.990>

[ littérature ]

 

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exactitude

D'après quoi voulez-vous que l'on écrive l'histoire ? Sinon d'après des documents qui, s'ils sont faux, fausseront à leur tour toute la machine et les déductions, conclusions, etc., qui dépendront de cela. La vérité (historique) ne s'impose jamais d'elle-même. Elle est au contraire désavantagée par ceci que les âmes "croyantes" s'imaginent qu'elle finira toujours par triompher et parce qu'elles se reposent là-dessus ; cependant que les faussaires travaillent à faire triompher le mensonge. C'est peut-être ce qui explique un peu que le mensonge ait partout la partie si belle et triomphe si communément. C'est aussi parce que le mensonge est avantageux, flatteur, plaisant (tout au moins pour le plus grand nombre), tandis que la vérité gêne et blesse toujours quelques-uns par quelques côtés. Elle a du mal à se faire entendre parce qu'elle fait mal à entendre. Son bienfait n'est connaissable, ou reconnaissable, qu'après.

Auteur: Gide André

Info: Journal

[ douteuse ]

 

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