Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 102
Temps de recherche: 0.0467s

vacherie

Je voyais Claudel, au premier rang, de profil. Il avait l'air d'une motte de terre, d'un énorme pavé de pain d'épice bourré de trous et d'angélique. Il buvait du lait. Il se buvait. Il buvait le lait d'une plante grasse du Brésil. Bête. Sa bêtise ressemble aux fleurs et aux fruits monstrueux qui poussent en Amérique du Sud et qui ne sentent rien, qui perdent toute saveur.

Auteur: Cocteau Jean

Info: Journal, 20 novembre 1943

[ littérature ]

 

Commentaires: 0

vacherie

Napoléon posséda le génie de premier jet. Dès qu'il devenait un penseur, tel Hugo, il mettait en branle son intelligence, c'est-à-dire sa bêtise. (Celle d'un général.) Ses victoires de grand chef ne furent que poudre aux yeux, motifs de ruine et de haine. Peut-être Sainte-Hélène lui a-t-elle permis de payer son tribut à la légende. Bandit corse, avec tout ce que cela représente d'amour de l'or, d'avarice et de vendettas.

Auteur: Cocteau Jean

Info: Le Passé défini 1954

[ . ]

 

Commentaires: 0

souffrance

Je tire de la douleur un bénéfice : elle me rappelle sans cesse à l'ordre. Les longs temps où je ne pensais à aucune chose, ne laissant naviguer en moi que les mots : chaise, lampe, porte, ou autres objets sur quoi se promenaient mes yeux, ces longs temps de néant n'existent plus. La douleur me harcèle et je dois penser pour m'en distraire. C'est à l'inverse de Descartes. Je suis, donc je pense. Sans la douleur je n'étais pas.

Auteur: Cocteau Jean

Info: La difficulté d'être, Romans, Poésies, Oeuvres diverses, La Pochothèque LdP 1995 ,p.912

[ motivation ]

 

Commentaires: 0

vanité

Rien de plus triste que le journal de Jules Renard, rien ne démontre mieux l'horreur des Lettres. Il a dû se dire : "Chacun est bas, petit, arriviste. Personne n'ose l'avouer ; je l'avouerai et je serai unique." Il en résulte chez le lecteur propre, et qui goûtait Renard, une gêne insurmontable. On quitte ce bréviaire de l'homme de lettres, de l'arriviste intègre, avec la certitude que les grenouilles ont trouvé un roi. (Par grenouilles j'entends ce qui s'attrape avec un bout de ruban rouge.

Auteur: Cocteau Jean

Info: Opium <p.585>

 

Commentaires: 0

sexualité

Un homme normal, au point de vue sexuel, devrait être capable de faire l'amour avec n'importe qui et même avec n'importe quoi, car l'instinct de l'espèce est aveugle ; il travaille en gros. C'est ce qui explique les moeurs coulantes, attribuées au vice, du peuple et surtout des marins. L'acte sexuel compte seul. Une brute s'inquiète peu des circonstances qui le provoquent. Je ne parle pas de l'amour. Le vice commence au choix. Selon l'hérédité, l'intelligence, la fatigue nerveuse du sujet, ce choix se raffine jusqu'à devenir inexplicable, comique ou criminel.

Auteur: Cocteau Jean

Info: Opium, Romans, Poésies, Oeuvres diverses, La Pochothèque LdP 1995 <p.628>

[ pulsion ]

 

Commentaires: 0

politesse

Histoire type du métro en 1943. Une vieille dame y entre et un jeune soldat allemand lui cède sa place avec une phrase allemande fort courtoise. La vieille dame gifle le jeune Allemand à tour de bras. Le public s'attendait au pire, mais le jeune Allemand baisse la tête et ses camarades n'en mènent pas large. À la première station, ils se sauvent tous sans demander leur reste. On interroge la vieille dame, assise et qui triomphe. "C'est, répond-elle, que je comprends l'allemand : Il m'a dit : "Mets ton cul là, vieille vache."

Auteur: Cocteau Jean

Info: Journal, 1942-1945, Gallimard 1989 <17 juillet 1943, p.320>

[ malentendu ] [ canevas ]

 

Commentaires: 0

drogue

N'attendez pas de moi que je trahisse. Naturellement l'opium reste unique et son euphorie supérieure à celle de la santé. Je lui dois mes heures parfaites. Il est dommage qu'au lieu de perfectionner la désintoxication, la médecine n'essaye pas de rendre l'opium inoffensif. Mais là, nous retombons sur le problème du progrès. La souffrance est-elle une règle ou un lyrisme ? Il me semble que, sur une terre si vieille, si ridée, si replâtrée, où tant de compromis sévissent et de conventions risibles, l'opium éliminable adoucirait les moeurs et causerait plus de bien que la fièvre d'agir ne fait de mal.

Auteur: Cocteau Jean

Info: <p.576-7>

 

Commentaires: 0

art pictural

Picasso : Il est l'homme qui court plus vite que la beauté. Un homme qui court moins vite que la beauté fera des oeuvres molles. Un homme qui court aussi vite que la beauté fera des oeuvres plates. Un homme qui court plus vite que la beauté l'essoufflera, l'obligera à rejoindre son oeuvre et son oeuvre deviendra belle à la longue. Rien de plus funeste que de courir côte à côte avec la beauté ou de rester en arrière. Il faut la précéder, l'éreinter, la rendre laide et c'est cette fatigue qui donne à la beauté neuve, la laideur magnifique d'un tête de Méduse.

Auteur: Cocteau Jean

Info: Le Passé défini

[ triade ] [ analyse ]

 

Commentaires: 0

fatalisme

De tous les problèmes qui nous embrouillent, celui du destin et du libre-arbitre est le plus obscur. Quoi ? la chose est écrite à l'avance et nous pouvons l'écrire, nous pouvons en changer la fin ? La vérité est différente. Le temps n'est pas. Il est notre pliure. Ce que nous croyons exécuter à la suite, s'exécute d'un bloc. Le temps nous le dévide. Notre oeuvre est déjà faite. Il ne nous reste pas moins à la découvrir. C'est cette participation passive qui étonne. Et il y a de quoi. Elle laisse le public incrédule. Je décide et je ne décide pas. J'obéis et je dirige. C'est un grand mystère.

Auteur: Cocteau Jean

Info: La difficulté d'être, Romans, Poésies, Oeuvres diverses, La Pochothèque LdP 1995, p.887

[ monde quantique ] [ solipsisme ] [ moi supérieur ? ]

 

Commentaires: 0

guerre

Mémoires de Clemenceau. Il me racontait chez Mme de W. : "J'ai eu dans mon cabinet deux hommes entre lesquels choisir : un défaitiste et un fou. Pétain et Foch. J'ai choisi le fou." <17 avril 1942, p.89>

« Le général Clapier déclare : "Mon arme secrète, c'est la fuite."
Du général Clapier : "Ma femme, à l'autre guerre, me répétait chaque jour : "À Berlin, à Berlin." Si je l'avais écoutée, je serais maintenant dans de beaux draps."
"Un général ne doit jamais se rendre. Même à l'évidence."
"J'ai entendu à la radio parler de la générale d'Andromaque. Je ne connais aucune générale de ce nom. C'est une fumisterie. Qu'on l'interdise !" <19 juin 1944, p.521>

Auteur: Cocteau Jean

Info: Journal (1942-1945) / Gallimard 1989

[ stratégique ] [ couard ]

 

Commentaires: 0