incarnation achevée

La mort n’est pas un simple ajout extérieur à la vie, ni un malheur qui lui advient par accident ; elle est présente en elle dès le début comme sa contrepartie nécessaire et comme la condition même de son accomplissement. C’est seulement dans la mesure où un être est mortel qu’il peut être un individu achevé, une totalité pour soi. L’immortalité, au sens d’une durée sans fin, serait plutôt l’impossibilité de jamais devenir un tout, une condamnation à une perpétuelle incomplétude. La mort est ce qui donne à la vie sa forme définitive, son contour, sa finitude en tant que forme. Elle est le terme qui permet de saisir la vie comme un tout délimité, avec un début, un milieu et une fin, et donc de lui attribuer un sens. En ce sens, la mort est l’achèvement de l’entéléchie de l’individu : elle transforme la vie d’un simple processus en une histoire, en une biographie qui peut être racontée et comprise. La finitude temporelle est la matrice même de l’individuation. 

Auteur: Jonas Hans

Info: Le Phénomène de la vie – Vers une biologie philosophique (1966), traduction française de Danielle Lories, Éditions De Boeck Université, 2001, Partie I, Chapitre 3 : "La vie et la mort", pp. 37-38

[ conclusion ] [ achèvement ] [ monade parfaite ] [ individuation absolue ]

 

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