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concept psychanalytique

Il y a une théorie de la libido contre laquelle vous savez que je m’insurge - encore que ce soit celle qu’a promue un de nos amis, Franz ALEXANDER - la théorie de la libido, comme du surplus de l’énergie qui se manifeste dans le vivant, quand la satisfaction des besoins liés à la conservation est obtenue. C’est bien commode mais c’est faux, car la libido sexuelle n’est pas cela. La libido sexuelle est bien en effet un surplus, mais c’est ce surplus qui rend vaine toute satisfaction du besoin là où elle se place, et au besoin - c’est bien le cas de le dire - refuse cette satisfaction pour préserver la fonction du désir.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 15 mars 1961

[ définition ] [ préjugé ] [ erreur ] [ réfutation ] [ insatisfaction satisfaisante ] [ reconduction ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

stade oral

Qu’est-ce qu’une "demande orale" ? C’est la demande d’être nourri qui s’adresse à qui, à quoi ? Elle s’adresse à cet Autre qui entend et qui, à ce niveau primaire de l’énonciation de la demande, peut vraiment être désigné comme ce que nous appelons "le lieu de l’Autre", l’Autre, on, l’Autron dirai-je, à faire rimer nos désignations avec des désignations familières en physique.  

Voilà à cet Autron abstrait, impersonnel, adressée par le sujet, à son insu plus ou moins, cette demande d’être nourri. 

Nous avons dit : toute demande, du fait qu’elle est parole, tend à se structurer en ceci :  

– qu’elle appelle de l’Autre une réponse sous sa forme inversée,  

– qu’elle évoque de par sa structure, sa propre forme transposée selon une certaine inversion.

À la demande d’être nourri répond - de par la structure signifiante, au lieu de l’Autre, d’une façon que l’on peut dire contemporaine logiquement à cette demande - au niveau de l’Autron, la demande de se laisser nourrir. Et nous le savons bien - dans l’expérience ce n’est pas là élaboration raffinée d’un dialogue fictif - nous savons bien que c’est de cela qu’il s’agit entre l’enfant et la mère chaque fois qu’il éclate dans ce rapport le moindre conflit dans ce qui semble être fait pour se rencontrer, se boucler d’une façon strictement complémentaire.

Quoi en apparence qui réponde mieux à la demande d’être nourri que celle de se laisser nourrir ? Nous savons pourtant : 

– que c’est dans ce mode même de confrontation des deux demandes que gît cet infime gap, cette béance, cette déchirure où peut s’insinuer, où s’insinue d’une façon normale la discordance, l’échec préformé de cette rencontre consistant en ceci même, que justement elle est non pas rencontre de tendances mais rencontre de demandes, 

– que c’est dans cette rencontre de la demande d’être nourri, et de l’autre demande de se laisser nourrir que se glisse le fait - manifesté au premier conflit éclatant dans la relation de nourrissage - que cette demande, un désir la déborde, 

– et qu’elle ne saurait être satisfaite sans que ce désir s’y éteigne, que c’est pour que ce désir qui déborde de cette demande, ne s’éteigne pas, que le sujet même qui a faim - de ce qu’à sa demande d’être nourri, réponde la demande de se laisser nourrir - ne se laisse pas nourrir, refuse en quelque sorte de disparaître comme désir, du fait d’être satisfait comme demande parce que l’extinction ou l’écrasement de la demande dans la satisfaction, ne saurait se produire sans tuer le désir.

C’est de là que sortent ces discordances, dont la plus imagée est celle du refus de se laisser nourrir, de l’anorexie dite à plus ou moins juste titre mentale. Nous trouvons là cette situation que je ne saurais mieux traduire qu’à jouer de l’équivoque des sonorités de la phonématique française, c’est qu’on ne saurait avouer à l’Autre le plus primordial ceci : "tu es le désir", 

– sans du même coup lui dire : "tuer le désir", 

– sans lui concéder qu’il tue le désir, 

– sans lui abandonner le désir comme tel.

Et l’ambivalence première, propre à toute demande, c’est que dans toute demande est impliqué aussi que le sujet : 

– ne veut pas qu’elle soit satisfaite, 

– vise en soi la sauvegarde du désir, 

– témoigne de la présence aveugle du désir, innommé et aveugle.

Ce désir qu’est-ce que c’est ? Nous le savons de la façon la plus classique et la plus originelle, c’est en tant : 

– que la demande orale a un autre sens que la satisfaction de la faim, 

– qu’elle est demande sexuelle, 

– qu’elle est dans son fond - nous dit FREUD depuis les Trois Essais sur la Théorie de la Sexualité - cannibalique, et que le cannibalisme a un sens sexuel.

Il nous le rappelle - c’est là ce qui est masqué dans la première formulation freudienne - que de se nourrir pour l’homme est lié au bon vouloir de l’Autre, lié à ce fait par une relation polaire, existe aussi ce terme, que ce n’est pas seulement du pain de son bon vouloir que le sujet primitif a à se nourrir, mais bel et bien du corps de celui qui le nourrit. 

Auteur: Lacan Jacques

Info: 15 mars 1961

[ définition ] [ faille ] [ insatisfaction satisfaisante ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson